Une nouvelle étude portant sur 18 millions de femmes américaines nées entre 1961 et 1970 a donné corps à l’idée que la récession et le chômage ont un effet direct sur le fait d’avoir des enfants ou non et sur ses répercussions ultérieures chez ces femmes qui remettent à plus tard leur décision d’enfanter : leur comportement est spécifique en ce qu’elles sont plus nombreuses que les autres à ne jamais donner la vie.
Basée sur les données de l’état civil de ces femmes et le nombre d’enfants qu’elles ont finalement eus, l’étude montre qu’en période de récession, les femmes âgées de 20 à 24 ans ont moins d’enfants qu’en période de croissance économique. Le fait que nombre de ces femmes n’aient pas eu d’enfants par la suite pour compenser ce retard était moins entendu. Cela s’explique sans doute, selon Janet Currie, spécialiste de l’économie de la santé à Princeton et responsable de l’étude, parce qu’elles sont plus âgées lorsque viennent des temps meilleurs, et moins enclines à revenir sur leur choix de ne pas avoir d’enfants – sans compter celles qui auront quitté leur partenaire.
La « Grande récession » de 2008 pourrait avoir ainsi pour effet de priver définitivement de progéniture 151.000 femmes âgées de 20 à 24 ans à ce moment-là, tandis que le déficit total d’enfants lié à cette crise pourrait atteindre 427.000 sur les décennies à venir aux Etats-Unis.
La chute de la natalité liée à cette crise l’a légèrement anticipée puisqu’elle était perceptible dès 2007 et a progressé depuis ; les chiffres n’ont commencé à remonter légèrement qu’à la fin de l’année dernière.
Sachant que la dénatalité est elle-même facteur de crise économique, en faisant baisser la demande immobilière, la consommation et les investissements d’avenir, c’est décidément une affaire de serpent qui se mord la queue.