L’heure est à la déflation en Chine, en Corée, en Thaïlande, aux Philippines, à Taiwan et à Singapour, dans tout le sud-est asiatique : les « prix-usine » sont en chute et le rythme est tel que, selon des analystes bancaires, l’arrivée d’une crise de la dette, qui se traduira par une guerre des monnaies, va arriver plus vite qu’on ne le pense jusqu’en Europe.
Alimentés par la Fed au temps de ses « largesses », ces pays vont souffrir alors que leur dette atteint des proportions inédites : la région dans son ensemble l’a vue progresser de 147 à 207 % du PIB en six ans. Alors même que le PIB se rétracte pour cause de déflation… Comme cela se passe dans une grande partie de la zone Euro.
La situation se complique encore par la pression sur le yen, que la Banque centrale du Japon a fait régresser, et par la chute des prix du pétrole.
La Chine, qui a longtemps alimenté la déflation chez son voisin en commerçant avec un yuan dévalué, se retrouve avec un index des prix à la production (PPI) négatif depuis 32 mois et des excédents de « tout » : acier, ciment, verre, produits chimiques, construction navale, panneaux solaires… Tout en continuant de sur-investir dans le cadre des plans décidés par le Parti communiste central.
Crise de la dette : du sud-est asiatique à l’Europe
Or la déflation tue lorsque qu’il y a trop de dettes par rapport aux actifs : « la seule question est de savoir à quel moment », note Larry Brainard de Trusted Sources : « Nous ne connaissons pas l’étendue du problème parce que la Chine joue au bonneteau en déplaçant sa dette d’un seau à l’autre. »
Tout cela ne saurait aboutir qu’à une guerre des monnaies, quand la Chine se sentira obligée d’intervenir et de déprécier le yuan face à ses voisins – un conflit monétaire, assurent encore les spécialistes, qui se déversera du sud-est asiatique sur l’Europe.