A l’occasion d’une rencontre des ministres de l’Energie européens et méditerranéens qui s’est tenue à Rome en début de semaine, Israël a proposé aux pays de l’Union européenne d’investir dans un réseau de gaz en provenance de ses champs gaziers. Objectif affiché : réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie qui est actuellement son principal fournisseur en gaz naturel.
Cette proposition de gazoduc, présentée comme un « vaste » projet par le ministre israélien de l’Energie, Silvan Shalom, amènerait l’Europe à investir plusieurs milliards d’euros pour construire un réseau qui s’étendrait de la côte méditerranéenne d’Israël à Chypre. Le gaz serait ensuite transporté vers la Grèce et l’Italie – ces trois pays européens étant d’ores et déjà favorables à ce projet.
Quant à l’idée d’un tracé égyptien ou d’un tracé turc, moins onéreux au point de départ, elle a été d’emblée abandonnée du fait de l’instabilité politique de cette région.
Israël a déjà signé récemment un accord gazier semblable avec la Jordanie. Un autre est à l’étude avec l’Egypte, et devrait aboutir à l’horizon 2017. Un partenariat de même nature avec l’Europe offrirait, outre les débouchés économiques, l’occasion d’améliorer les relations diplomatiques de Jérusalem avec l’Union européenne, actuellement tendues du fait de la question palestinienne.
Israël désormais riche en gaz naturel
Israël a décidé l’année dernière d’exporter 40 % de ses gisements de gaz en mer. De quoi agrandir son marché en la matière, ses gisements connus s’étant considérablement amplifiés ces dernières années avec le développement des techniques de forage. Outre celui de Tamar, qui a commencé à être exploité en mars 2013 et qui contient, selon des estimations officielles, quelque 8,5 milliards de pieds cubes de gaz naturel, Israël peut compter désormais sur un gisement plus important encore, le Léviathan (ça ne s’invente pas…) qui possèderait lui un potentiel estimé entre 16 et 18 milliards de pieds cubes de gaz, et dont le pompage devrait être opérationnel en 2016.
L’Union européenne doit peser le pour et le contre
Au Centre de recherches entreprises et sociétés, à Genève, on doute néanmoins qu’Israël soit à même de remplacer tout à fait la Russie sur ces marchés. Patrick Gantès, son secrétaire général, évoque plutôt « un appoint intéressant pour certains marchés ». «vMais ce n’est pas ça qui va modifier les grands équilibres », précise-t-il.
En attendant, le projet sera officiellement présenté à l’Union européenne le mois prochain.