Nouvelles « révélations » sur les pratiques luxembourgeoises au temps de Jean-Claude Juncker. Le scandale LuxLeaks rebondit en ce que d’aucuns appellent déjà un scandale LuxLeaks II. Et même si le président de la Commission européenne tente de prendre les devants, en répondant à ses détracteurs et en assurant à ses proches ne rien avoir à se reprocher, il ne peut, en réalité, s’empêcher d’admettre, « objectivement », être « affaibli »…
Le Centre pour l’intégrité publique à l’origine de nouvelles révélations
C’est le Consortium international pour le journalisme d’investigation, émanation à vocation internationale du Centre pour l’intégrité publique situé à Washington, qui a publié de nouvelles informations sur les pratiques fiscales du Luxembourg dont bénéficient certaines multinationales – 340 tout de même. Par pratiques, entendez bien sûr avantages. Parmi lesquelles sociétés Skype, Disney, Uhu ou Saupiquet…
Jean-Claude Juncker parle
Le président de la Commission européenne a donc tenu à répondre, avant de trop attendre, à ses détracteurs. Il le fait dans les colonnes du journal Libération : « Subjectivement parlant, je n’ai rien de plus à me reprocher que ce que d’autres auraient à se reprocher. (…) Mais, objectivement parlant, je suis affaibli, car le Luxleaks laisse croire que j’aurais participé à des manœuvres ne répondant pas aux règles élémentaires de l’éthique et de la morale. »
Mais, bien évidemment, comme le subjectif prévaut désormais en matière de morale – pardon ! d’éthique – surtout en matière de millions, Jean-Claude Juncker précise que « tout le monde fut fautif » en cette affaire… Autant se taire dès lors, car comment incriminer ce « tout le monde » anonyme ? Ce qui permet au président de la Commission européenne d’affirmer (la main sur le cœur ?) : « Je vais prouver que ceux qui me croient ont raison. »
Et puis, c’est plus simple aussi pour les sociétés qui, tout à coup, se retrouvaient dans l’œil du cyclone. Ainsi de Skype, qui a pu éviter de payer des impôts sur 95% de ses bénéfices, sous la forme d’une dette contractée avec… une filiale installée en Irlande sous le nom d’Atomico. Ou de Disney, qui, grâce à des transactions entre plusieurs de ses filiales, consistant à revendre l’une pour acheter l’autre en dépréciant ses actifs, a pu faire suffisamment de pertes et s’éviter de cette façon de payer des impôts.
Le président de la Commission européenne n’est pas le seul « affaibli »
Devant l’ampleur du scandale, le Luxembourg a décidé mardi d’une espèce de « remise en question », c’est-à-dire, pour l’instant, de divulguer le détail des accords fiscaux passés avec des entreprises étrangères aux gouvernements qui en feraient la demande. D’autant qu’il n’y a jamais eu, assurent les autorités, de secret en la matière. Tant mieux, n’est-ce pas ? Il n’en reste pas moins que de donner des informations qui s’étalent désormais dans la presse ne constitue pas un risque très grand – c’est l’inverse qui, désormais, serait vrai…
Cela sera-t-il suffisant pour sauver Jean-Claude Juncker – qui ne risque, somme toute, qu’un désaveu populaire, dont Bruxelles se contrefiche bien ? Après le refus du Parlement européen la semaine dernière, le groupe des Verts vient de réitérer son appel à la mise en place d’une commission d’enquête sur le sujet des Luxleaks. Il s’agit, très concrètement, d’un appel à la transparence. Et Jean-Claude Juncker a promis de ne pas intervenir dans le dossier.
Bien ! Mais, quand on connaît les arcanes du monde bruxellois, est-il possible d’envisager sérieusement que la lumière puisse y pénétrer totalement ?