Malgré l’évolution de la politique russe en la matière et l’abandon de South Stream qui complique certaines perspectives que d’aucuns croyaient assurées, les livraisons de gaz à l’Ukraine ont donc repris. Mais le fait que l’accord gazier s’applique pratiquement ne signifie nullement que la crise en Ukraine soit finie. Bien au contraire, si l’on peut dire, alors que les cessez-le-feu et leurs violations n’en finissent plus de se succéder, notamment dans l’est du pays.
 
En ce qui concerne la question gazière, la Commission européenne a fait des pieds et des mains pour que la Russie respecte les engagements pris fin octobre sur le sujet. Le Slovaque Maros Sefcovic, son vice-président, chargé de la question énergétique, s’est particulièrement investi, suite à la réunion des ministres de l’énergie à Bruxelles, pour y parvenir. « Il s’agit d’un bon accord, qui doit être respecté et qui l’a été jusqu’ici. Nous en avons vu les effets positifs le 8 décembre, lorsque l’Ukraine a commandé un milliard de mètres cubes de gaz à la Russie. L’accord est en vigueur jusqu’au mois de mars 2015, ce qui va nous permettre de passer l’hiver », a-t-il déclaré devant les journalistes.
 

La crise en Ukraine perdure

 
Pendant ce temps, et comme s’il s’agissait de pays complètement différents, le conflit entre Kiev et Moscou perdure, tant sur le plan politique que militaire. Ainsi, le jour-même où la Russie rouvrait les robinets de gaz vers sa sœur ennemie, l’armée ukrainienne accusait les séparatistes de l’est du pays d’avoir enfreint le « jour de silence », prévu pourtant par les deux parties le 9 décembre comme un point de départ vers une autre série de négociation de paix. Ceux que le gouvernement ukrainien appelle les « rebelles » ont d’ailleurs pris le partie de mettre de l’huile sur le feu en nommant désormais leur région : « Nouvelle Russie »…
 
Chaque jour voit ainsi son nouveau lot de provocations de part et d’autre – pour autant qu’on puisse avoir une vision claire de la situation. Ainsi, mardi, les forces gouvernementales ont-elles déclaré avoir suspendu les combats à dix heures. Mais, à la tombée de la nuit, elles affirmaient avoir enregistré treize infractions au cessez-le-feu… Dans le même temps, le dirigeant des « rebelles » à Donetsk, Alexander Zakharchenko, affirmait avoir donné l’ordre à ses troupes de respecter le cessez-le-feu à l’heure exacte demandée par les forces gouvernementales et de n’utiliser la force qu’en cas d’attaque par celles-ci. « Le cessez-le-feu est respecté », a-t-il clairement déclaré. Qui croire… quand on ne peut se rendre sur place pour vérifier ces assertions contradictoires ?
 
Côté ukrainien, on parle bon droit. Tout en demandant aux donateurs occidentaux, et notamment européens, de penser rapidement à une petite rallonge de quelques milliards pour aider à régler les difficultés économiques (entre autres) du pays…
 

L’accord gazier ne fait pas tout…

 
Côté russe, on assure l’Union européenne de sa bonne foi. Après tout, l’annulation du projet du gazoduc South Stream n’a-t-elle pas été décidée par Moscou en réponse à l’opposition manifeste des Européens ? Pour autant, et dans le même temps, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, affirmait mardi dernier que la crise ukrainienne était loin d’être terminée…
 
Si l’on sait additionner deux et deux, il est clair que Moscou laisse entendre que tout cela se passe à son corps défendant.
 
Comme pour lui donner raison, le président ukrainien, Petro Porochenko, a appelé jeudi la Russie à retirer ses troupes, et à fermer sa frontière : « S’il vous plaît cessez le feu. S’il vous plaît libérez les otages. S’il vous plaît retirez vos troupes de mon territoire. S’il vous plaît fermez la frontière. Et je promets qu’en l’espace d’une, de deux ou de trois semaines nous aurons la paix et la stabilité en Ukraine. C’est très simple. »
 
Très simple ? Peut-être. Mais Moscou, qui dément toute implication directe, attend que l’on réponde à une simple question : que vont devenir, dans cette perspective, ces Ukrainiens de l’Est qui se disent et se veulent Russes ?
 
On le voit, la solution est loin d’être à porté de main…