La décision de Commission européenne d’accorder à la France deux années supplémentaires pour parvenir à réduire son déficit public a provoqué des critiques très acerbes de certains milieux politiques allemands. Très soucieuse de l’équilibre économique européen qui pèse lourdement sur son pays, l’Allemagne dénonce une application des règles budgétaires à la carte, et regrette une indulgence qui ne favorise pas une décélération de la crise au sein de la zone euro.
Face à cette clémence, Herbert Reul (CDU), président du groupe de centre-droit allemand au Parlement européen, a évoqué une « déception amère ». « Quel dommage, a-t-il affirmé, que la Commission cède précisément au moment où la situation devient grave. Dans le cadre du semestre européen, la Commission a mis en place de nouveaux instruments et a pris de nouvelles responsabilités pour une plus grande discipline budgétaire. »
L’Allemagne dénonce l’indulgence européenne
Ce nouveau report, annoncé qui plus est par un commissaire européen français, jette un discrédit complet sur les nouvelles règles mises en place, et sur non seulement la volonté, mais surtout la capacité de la Commission actuelle de les appliquer. Il estime qu’il y a d’ailleurs un déséquilibre entre le traitement réservé à Athènes et celui appliqué à Paris.
Même son de cloche chez Angelika Niebler, président du groupe de l’Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU) au Parlement, qui estime que, à cette occasion, la Commission ne remplit pas son rôle de protecteur du pacte de stabilité et de croissance : « Dans le cadre juridique du Semestre européen, le rôle de la Commission européenne a été renforcé. La Commission a eu des difficultés à recevoir le soutien nécessaire pour cela au Parlement européen. (…) Le fait que la Commission utilise son pouvoir de décision pour agir en faveur des mauvais élèves en matière de déficit et ce, sans aucune sanction, est une provocation. »
La France dans le peloton des mauvais élèves
Sans sanctions réelles, les mauvais élèves n’auront plus rien à craindre, estime-t-elle.
Quant au vice-président de la commission parlementaire des affaires économiques et monétaires, Markus Ferber, il dénonce vivement la manière de faire du commissaire Pierre Moscovici qui « manque clairement de volonté politique pour imposer les nouvelles règles à son propre pays ». Et l’eurodéputé CSU d’ajouter : « Tant que la France n’a pas à craindre de graves conséquences, ce petit jeu continuera. »