Pour un statut du lanceur d’alerte ?

Pour un statut du lanceur d’alerte ?
 
Mardi s’est tenu à Paris un meeting de soutien aux lanceurs d’alerte avec, parmi les « vedettes », Antoine Deltour, l’homme par qui le scandale LuxLeaks est arrivé. Et sous l’autorité de quelques belles consciences, à commencer par le président de la Ligue française pour la Défense des droits de l’homme et du citoyen, Pierre Tartakowsky, l’homme qui estime que le racisme est une « opinion délictueuse ». Une défense pratique de la police de la pensée qui passe par un statut du délateur citoyen…
 
En France, nous explique-t-on, les salariés qui dévoilent des informations jugées sensibles se retrouvent souvent seuls et mal protégés. Si leur carrière est brisée, leur vie privée suit souvent et rapidement le même chemin d’infortune.
 
Certes, se dresser seul contre une entreprise, une société, un trust, s’avère logiquement risqué et la plupart de ces bonnes consciences se retrouvent sans lendemain : grillés dans leur secteur d’activité, et, comme ils le racontent avec un bel ensemble, « broyés » psychologiquement.
 

Soutenir le lanceur d’alerte

 
« L’histoire de Stéphanie Gibaud, qui est à l’origine de l’affaire UBS France, témoigne bien de cette précarité. Elle a fait gagner des milliards à la France. Et qu’a-t-elle en échange ? Elle est sans emploi, vit du RSA. Il y a quand même un problème, non ? » lance la cégétiste Sophie Binet qui organise, avec neuf autres organisations, cette réunion avec le but clairement affiché d’obtenir en France un vrai statut pour les lanceurs d’alerte.
 
La démarche a le soutien (logique) du député socialiste Yann Galut, ancien rapporteur de la loi du 6 décembre 2013 sur la répression de la délinquance économique, financière et fiscale. Pour avoir auditionné certains de ces lanceurs d’alerte, il témoigne : « J’ai vu des gens brisés. Livrés à eux-mêmes, abandonnés par l’Etat alors qu’ils ont fait leur travail de citoyen. On ne peut pas en rester là. » Il propose donc un projet de loi afin de créer « un vrai statut du lanceur d’alerte » – un statut rémunéré.
« A partir du moment où ils aident la justice, je ne vois pas pourquoi on ne les soutiendrait pas financièrement », explique-t-il.
 
On a tout en quelques mots, ceux que les lobbies exploitent jusqu’à plus soif. A noter que, aujourd’hui, on est citoyen non pas par l’appartenance à un pays, mais par une démarche démocratique active. Par exemple, la dénonciation des injustes, des méchants, etc. Pourquoi pas… Dans une époque équilibrée, le criminel est une évidence. Mais dans une époque idéologique ?
 

La délation et son statut…

 
Car le problème est de savoir selon quels critères on détermine qu’un tel doit être dénoncé. Et là, ça semble beaucoup plus flou. Car les questions économiques comportent évidemment des aspects objectifs. Ce qui, dans l’état d’esprit énoncé par ces beaux esprits, n’en revient pas moins à soumettre le capital – les salauds de patrons, pour faire court – à l’étatisme qui est devenu l’expression la plus courante de la démocratie. Ne cherchez surtout pas l’erreur !
Demain, ce sera encore pire sans doute. On dénoncera les non-démocrates – voire les pas suffisamment démocrates.
 
Si en plus on paye…
 
Mais surtout – horresco referens – qu’on ne parle pas de délation.
De loi des suspects, peut-être ?