Le co-président du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, François de Rugy, a annoncé mercredi qu’il voulait déposer cette semaine une proposition de loi pour rendre le vote obligatoire en France. De part et d’autre de l’échiquier politique, cette annonce provoque de vives réactions. Est-il en effet démocratique d’imposer un totalitarisme électoral ?
A la veille des élections départementales, et alors que l’abstention culmine dans les sondages, les écologistes proposent de rendre le vote obligatoire. Sous peine d’amende : l’électeur qui ne se rendrait pas aux urnes devrait payer une amende de 35 euros. Sauf à avoir un motif valable. Mais quel motif peut bien être valable face au totalitarisme ? Le coma ?
Vote obligatoire…
Il est vrai que la question est délicate. L’année dernière, à l’occasion des élections européennes, l’abstention avait touché 56 % du corps électoral. Or le dogme républicain ne s’interroge pas sur le minimum vital pour la démocratie. A partir de quel taux plancher de participation une élection ne signifie-t-elle plus rien ? Et si les électeurs décidaient, dé-mo-cra-ti-que-ment, de préférer un autre système politique ? Saint-Just a, en quelque sorte, déjà donné la réponse : pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie…
Mais le vote obligatoire, lui aussi, est délicat. Sauf à comptabiliser réellement le vote blanc. Mais alors, ce ne serait que reculer pour mieux sauter : l’abstention s’appellerait désormais « vote blanc »…
Quoi qu’il en soit, il semble que ce débat doive attendre, de nombreux politiques s’étant montrés, jeudi, opposés à une telle proposition. Ainsi, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, a-t-il contesté une telle pratique : « A dix jours du premier tour des élections départementales (…) la première des choses eut été pour la gauche d’être en capacité de se rassembler. »
… ou totalitarisme démocratique ?
A l’UMP, on n’est guère favorable non plus à cette proposition. Le président du Sénat, Gérard Larcher, et Bruno Le Maire, député de l’Eure, et ancien candidat à la présidence du parti contre Nicolas Sarkozy, voient dans l’abstention un « thermomètre » qui donne la mesure de la relation entre citoyens et institutions.
Il y a un autre problème. A l’heure où le Front national est en passe de faire le second résultat derrière l’abstention, cette démarche devrait se chanter sur l’air de l’amalgame, si cher à Manuel Valls, ce qui tendrait à déconsidérer encore – si possible… – notre personnel politique.