Dans une tribune publiée par le Daily Telegraph, Nigel Farage accuse David Cameron d’avoir présenté des mesures « factices » pour maîtriser l’immigration. Elles étaient « prévisibles », estime le leader d’UKIP, le parti de l’indépendance du Royaume-Uni. On connaît le franc-parler de Farage : il n’a rien perdu de sa verve lorsqu’il explique pourquoi il ne croit pas en la détermination du Premier ministre réélu, contraint de réagir aux statistiques nationales désastreuses qui font état d’une augmentation du nombre net d’immigrés de 209.000 à 318.000 âmes de 2013 à 2014.
« La première chose qu’a dû faire le Premier ministre, c’est de dresser un gigantesque écran de fumée de propositions politiques mi-cuites et irréalisables pour attirer l’attention des 4 millions de personnes qui ont voté pour UKIP – et des 500.000 autres qui ont finalement choisi les conservateurs, horrifiés devant la perspective d’accord entre les travaillistes et les nationalistes écossais du SNP », note Nigel Farage.
Nigel Farage ne croit pas que David Cameron puisse mettre en œuvre sa politique sans sortir de l’UE
C’est parce que Cameron sait à quel point la question de l’immigration va peser lourd dans le prochain référendum à propos de l’Union européenne : mais il sait aussi, accuse Farage, que tant que le Royaume-Uni reste au sein de l’UE, le contrôle des frontières est impossible.
Et de noter à quel point le discours de David Cameron en 2015 ressemble, parfois presque mot pour mot, aux propos tenus au fil des ans par Nigel Farage lui-même. Ce qui lui manque, selon le leader de l’UKIP, c’est la volonté et la possibilité de prendre les moyens pour mettre ses propositions en œuvre. Parmi ces propositions, rappelons-le, il a annoncé la saisie des salaires des clandestins ainsi que leur « déportation » immédiate et sans appel.
« Ses propositions sont aussi irréalisables que prévisibles, comme nous devions nous y attendre. Il extirpera les immigrés illégaux, dit-il (n’oublions pas que chaque gouvernement l’a promis depuis des décennies, et que chaque gouvernement a échoué), il réformera le marché du travail afin que l’emploi d’immigrés bon marché devienne moins attractif, et il fera le ménage dans l’emploi d’immigrés illégaux.
« Mais ce sera difficile car il a réduit le nombre d’inspecteurs du salaire minimum : en 2012 il n’en restait plus que 7 pour le pays tout entier. Et le nombre de poursuites pour l’emploi de migrants illégaux s’est effondré alors qu’il était au pouvoir : il y en a eu 7 en 2012, contre 68 en 2008 », note Farage.
Maîtriser l’immigration au Royaume-Uni : les propositions de Nigel Farage
Il accuse Cameron de se payer de mots alors que le gouvernement ne connaît même pas le nombre de clandestins au Royaume-Uni – « leur travail ne figure pas dans les bilans, ils sont payés en liquide et peu d’entre eux ont des comptes en banque ».
Il l’accuse encore de vouloir faire porter le poids de sa politique aux petites entreprises menacées de lourdes sanctions en cas d’emploi de clandestins, en les transformant en « officiers ministériels sans solde » chargés de compenser l’échec des pouvoirs publics.
« Seuls 36.000 immigrés » touchent des allocations de chômage au Royaume-Uni, observe Farage : la plupart sont actifs sur le marché des emplois sans qualification où ils contribuent à maintenir les salaires au niveau plancher : « 50% des nouveaux emplois sont obtenir par des travailleurs immigrés. Et vous pouvez me faire confiance : ce ne sont pas tous des médecins et des avocats. »
Que propose Nigel Farage ? D’abord, sortir de l’Union européenne. Puis instaurer un système de points permettant de fixer la quantité et la qualité des nouveaux immigrés accueillis au Royaume-Uni : « Ce n’est pas difficile, et ce n’est pas raciste » – et « 75% » de la population britannique est favorable à de tels contrôles, insiste-t-il.
Anne Dolhein