Voyage-éclair de François Hollande en Afrique. En deux jours, le président de la République aura visité le Bénin, l’Angola, et le Cameroun, trois pays soigneusement sélectionnés pour des raisons politiques ou militaires. Mais l’Afrique a désormais une conscience aiguë de son indépendance, et n’entend pas qu’un président français, fut-il de gauche, lui fasse la leçon. La visite africaine de François Hollande aura peut-être été l’occasion pour lui d’apprendre qu’il ne suffit pas de battre la coulpe sur la poitrine de certains de ses prédécesseurs pour pouvoir tout s’autoriser.
Au-delà des rencontres et des contrats, c’est surtout un état d’esprit que révèle le déplacement africain de François Hollande. En effet, le président de la République tire dont ne sait quelle insondable source une habitude de juger de la démocratie partout et en tous lieux. Ainsi, jeudi dernier, à Cotonou, a-t-il quasiment élevé le Bénin au rang de « référence » démocratique sur le continent africain. « Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner », a ajouté François Hollande.
La curieuse conception de la démocratie de François Hollande
Si les Béninois n’ont pas manqué de marquer une certaine satisfaction, il n’en a évidemment pas été de même partout en Afrique. « Le président Hollande n’a pas de bons points ou de mauvais points à donner à des présidents africains », a ainsi commenté Lambert Mende, porte-parole du gouvernement de la République démocratique du Congo, lors d’une conférence de presse.
« On n’a pas de leçons à recevoir, on ne démocratise pas les pays africains pour faire plaisir à M. Hollande, au gouvernement français ou à je ne sais quelle opinion publique en France. Nous ne tolérons plus ce genre d’attitude paternaliste 55 ans après l’indépendance », a-t-il ajouté. Avant de préciser : « Je me garde de commenter la réaction des Béninois, je constate simplement que dans un autre pays, on parle seulement économie. » De fait, en Angola, il n’a manifestement été question que des contrats signés par des entreprises françaises à l’occasion de la visite présidentielle.
On ne sache pas que François Hollande dispose de quelque autorité que ce soit pour juger de la démocratie de tel ou tel pays. Si un pays avait quelque raison d’être le modèle de la démocratie, ce serait la Grèce. En l’état actuel, la chose ne manquerait pas de piquant…
Qui plus est, François Hollande, qui a multiplié les repentances ineptes sur le dos de ses prédécesseurs, et, de ce fait, fait moquer la France et abaisser son prestige en bien des endroits, n’a effectivement rien à dire de la bonne (ou mauvaise) marche des pays africains.
Une leçon africaine à retenir
Mais il ne peut s’empêcher, par quelque perversité intellectuelle, d’osciller entre ces deux démarches. Ainsi, au Cameroun, dernière étape de ce court voyage, a-t-il fait repentance pour l’armée française et son action dans ce pays. On peut, bien sûr, discuter de l’histoire des relations franco-camerounaises et des drames qui ont pu les entacher. Mais est-ce le rôle d’un chef d’Etat en visite officielle de faire pareille démarche ?
D’autant que, évoquant ensuite un dossier judiciaire délicat qui met en cause une ressortissante française jugée au Cameroun pour malversation financière, François Hollande a manifestement tenté d’obtenir quelque amélioration de son sort. A quoi son homologue a répondu que cette question était du ressort de la justice camerounaise, et que celle-ci était indépendante. Avant d’ajouter, en forme de point final, ressemblant clairement à une fin de non-recevoir : « Si la Constitution me donne les moyens de faire quelque chose, c’est de bon cœur que je le ferai. »
Et au revoir, M. le président…