Les Minions sont de curieuses petites créatures jaunes, vaguement humanoïdes, vivant en groupes importants. Elles possèdent la propriété singulière d’éprouver une forme de besoin d’attachement, de service, à l’égard de « superméchants », qui sont, suivant la nomenclature simpliste des comics américains, les adversaires des « superhéros ». Les Minions sont bien connus des enfants d’aujourd’hui : ils apparaissent fréquemment comme personnages secondaires et comiques, détendant l’atmosphère pour les plus jeunes, dans les deux films centrés sur le superméchant Gru, Moi, Moche et Méchant 1 (2010) et 2 (2013), très réussis dans le genre. Les Minions sont des maladroits qui de fait desservent les superméchants, ce qui les rend à ce titre sympathiques.
Les Minions, un spectacle pour enfants
Aussi les attentes, y compris les nôtres, ont-elles été considérables. La bande annonce promettait beaucoup. Or, si Les Minions paraissent vraiment amusants durant les vingt premières minutes, le film peine à garder son rythme. Les enfants seront peut-être ravis d’une intrigue à leur niveau, centrée sur la difficile collaboration des Minions et d’une superméchante narcissique, mais les adultes souriront au mieux, ici et là, aux allusions à maints films ou romans. Une douce moquerie des coutumes anglaises parfois drôles dans leur archaïsme forme certes un ressort de l’intrigue relativement efficace, tout en demeurant un peu légère pour construire un récit. Toutefois, le film perd assez vite l’indispensable vigueur de narration, surtout en ce qui concerne une construction scénaristique authentique. L’abus des courses-poursuites finit par fatiguer, et doit correspondre à quelques pannes d’inspiration. De même le fameux langage des Minions, à demi-compréhensible, peut à la longue davantage agacer qu’amuser. A quoi s’ajoute une petite gêne face au déséquilibre causé par un film centré exclusivement sur les superméchants et leurs serviteurs malhabiles. Si le spectacle n’est pas moralement franchement mauvais, critique excessive déjà prononcée aux Etats-Unis, il souffre du moins de l’absence de héros véritables, positifs et, pourquoi pas, modèles pour les plus jeunes.
Les enfants s’amuseront probablement du spectacle des Minions, mais l’adulte-accompagnateur dévoué risquera fort de s’ennuyer.