Hill of Freedom, c’est-à-dire la Colline de la Liberté, est le nom d’un bar d’une ville anonyme de Corée du Sud, sans grand charme ni intérêt, comme souvent dans un pays au patrimoine largement détruit par la Guerre de Corée (1950-1953). Le film s’inscrit dans la veine du cinéma sud-coréen d’histoires sentimentales délicates. Quelques-unes, tirés d’une masse nombreuse, arrivent jusqu’aux écrans européens. Les choix sont souvent arbitraires, ou dictés par des prix discutables. Dans ce sous-genre particulier, le meilleur, l’expression d’une sensibilité en principe respectueuse du fonds culturel coréen sinon sino-coréen, côtoie le pire, l’ennui le plus profond. Il est ici au rendez-vous.
Après quelques années de réflexion, M. Mori, un Japonais, décide de retrouver son grand amour perdu, une jeune femme coréenne rencontrée quelques années plus tôt, lorsqu’il enseignait l’anglais en Corée. Si ce M. Mori n’est pas mauvais, le spectateur occidental déplore son manque de curiosité pour la culture coréenne, sa fainéantise passée, car il ne s’est jamais donné la peine d’apprendre le coréen, même courant. Cette langue est certes difficilement compréhensible pour les Japonais – et réciproquement. Les dialogues se tiennent donc en anglais, durant tout le film. Cela fait perdre beaucoup du charme de la couleur locale. Quelques images, quelques thèmes culturels sont communs aux Japonais et Coréens, via des emprunts massifs à la culture chinoise antique ; mais alors pourquoi passer par l’anglais ? Ce choix agace à la longue.
Hill of Freedom
M. Mori devient l’attraction du quartier où se situe l’Hill of Freedom. Un Japonais qui ne travaille pas, qui erre sans but le jour et la nuit, qui traîne au lit le matin, même après dix heures, voilà qui contredit tous les clichés sur le Japon vu de Corée. Il discute avec les habitants, en anglais. Ces rencontres donnent l’occasion d’une galerie de portraits, assez stéréotypés, sans grand intérêt. M. Mori a en outre des vues assez larges sur la fidélité de la femme aimée et choisie, assez répandues en fait en Asie de l’Est. Le montage trop complexe, perturbant la narration, n’arrange rien. Même avec la meilleure volonté du monde, il faut donc admettre que ce Hill of Freedom ne présente aucun intérêt.