La priorité de Bruxelles : lutter contre la haine raciale et religieuse

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Par les temps qui courent, Bruxelles ne sait plus où donner de la tête, tant les difficultés se sont accumulées dans l’Union européenne. Ces deux jours, la Commission européenne organisait un colloque – le premier colloque annuel sur les droits fondamentaux – pour traiter de l’une de ces questions délicates : la haine raciale et religieuse.
 
Vera Jourova, le commissaire en charge de la Justice, s’est exprimée à l’occasion de l’ouverture de ce colloque contre l’antisémitisme et l’islamophobie, pour déclarer que les Etats-membres de l’Union européenne ont pour obligation de criminaliser les discours incitant à la haine, qu’elle soit raciale ou religieuse.
 

Lutter contre la haine raciale et religieuse

 
De son côté, le premier vice-président de la Commission, Frans Timmermans, a évoqué la manière de combattre la haine à l’égard des minorités juives et musulmanes en Europe, et d’encourager la tolérance et le respect.
Parmi les difficultés observées, il a notamment été précisé que le ministère allemand de l’Intérieur a enregistré 202 attaques de centres d’accueil pour demandeurs d’asile lors des six premiers mois de l’année. Ou qu’une forte hausse des propos xénophobes sur les réseaux sociaux a été observée.
Parmi les instruments utilisés pour mesurer les incivilités susnommées, il a beaucoup été question d’un nouvel Eurobaromètre sur la discrimination, publié ce 1er octobre. Les statistiques qui en sont extraites montrent que :
 
– 50% des Européens pensent que la discrimination par rapport à la religion ou aux croyances est largement répandue (contre 39% en 2012) ;
 
– 33% pensent qu’indiquer ses croyances religieuses lors de la recherche d’un emploi peut être désavantageux (contre 23% en 2012).
 
On pourrait multiplier les chiffres ainsi récoltés. Mais ce qui est plus intéressant, c’est que, interrogée sur ce qu’il convenait de faire face à cela, Vera Jourova a répondu que la décision-cadre de lutter contre certaines formes et expressions de racisme et de xénophobie par le droit pénal oblige les Etats-membres à introduire dans leur code pénal les propos haineux et à les sanctionner, quel que soit l’auteur de ces propos, les politiques comme les autres. « La loi doit s’appliquer à tout le monde. Si un responsable politique incite à la haine, il devra faire face à la loi », a-t-elle précisé.
 

Bruxelles découvre la morale

 
Frans Timmermans a déclaré par ailleurs : « La société européenne traverse une période de turbulences et de crise qui met à l’épreuve les valeurs mêmes sur lesquelles est fondée notre Union. (…) En ces temps de crise, la capacité de tolérance et d’intégration de notre société est mise à l’épreuve. (…) Notre responsabilité collective de vivre ensemble dans la tolérance et le respect est particulièrement importante, à un moment où nous avons l’obligation morale de donner refuge à des personnes de religions et de cultures différentes qui arrivent sur nos côtes. La diversité ne doit jamais être considérée comme une menace. Il est de notre responsabilité commune de créer et de promouvoir une société ouverte à tous. »
 
De fait, le colloque intervient dans ce contexte de la crise des réfugiés, qui, selon Bruxelles, a délié les langues et provoqué des discours de haine à l’encontre des arrivants. Pire, observent les responsables de la Commission, les mouvements populistes et d’extrême droite exploitent la situation…
 

Pétition de principe

 
On ne précise pas en quoi une telle situation est exploitée par les uns ou les autres. En matière de racisme, la pétition de principe contre les extrémistes, réels ou supposés, est admise.
 
En revanche, on peut toujours attendre pour que l’un ou l’autre de ces responsables européens vienne battre sa coulpe quant à sa responsabilité dans l’évolution de cette situation. En attendant, précisons que, cette année, les projets visant à prévenir et combattre le racisme, la xénophobie, etc. ont été financés à hauteur de 4.017.826 d’euros.
 
Parmi ceux-ci, Frans Timmermans, qui recevait à cette occasion Roger Cukierman, le président du CRIF, lui a annoncé la nomination prochaine d’un coordinateur européen pour la lutte contre l’antisémitisme.
 
Continuons à battre collectivement notre coulpe. Ainsi les migrants qui continuent de débarquer en Europe se convaincront qu’il n’est pas nécessaire de s’inquiéter davantage des difficultés qu’ils peuvent provoquer en arrivant chez ces méchants Européens…
 

Hubert Cordat