Deux députés ont présenté, vendredi, en Russie, un projet de loi interdisant à tout gay de se présenter publiquement comme tel, sous peine d’amendes et même de prison. Deux députés qui sont membres … du Parti communiste. Ainsi donc l’homophobie ne serait pas l’unique apanage de la diabolique extrême droite ?!
Un projet de loi contre l’« outing » public des homosexuels
En France, le PCF, sous les ordres de Marie-George Buffet et André Chassaigne, se battait pour le mariage pour tous, refusant toute liberté de conscience aux maires qui s’y opposaient.
En Russie, point (trop) d’édulcoration de la ligne originelle du Parti, en la matière. Autrefois, le régime soviétique réprimait sévèrement l’homosexualité, jusqu’à l’avènement de la Glasnost de Gorbatchev. Il semble aujourd’hui que le vent, s’il a tourné, certes, garde une orientation semblable.
Les deux initiateurs n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler que leur projet de loi était basé sur l’expérience historique, à la fois de l’Union soviétique – où l’homosexualité masculine était une infraction pénale passible de peines de prison allant de cinq à huit ans – et des « temps anciens » où les lois anti-homosexuels étaient beaucoup plus sévères, à l’exemple de la rigoriste Sparte…
Un « grave danger pour l’humanité dans son ensemble »
Concrètement, ils voudraient modifier le Code administratif de Russie avec un nouvel article qualifiant l’« expression publique des relations sexuelles non-traditionnelles » de violation. Violation qui devrait être punie par des amendes d’environ 5.000 roubles (70 euros). Ceux qui le feraient dans les établissements ou bureaux de l’État ou dans des institutions éducatives et culturelles pourraient se voir imposer une quinzaine de jours de détention.
« Je pense que le problème est aigu et urgent, car il vise des maladies sociales de notre société et l’éducation morale de la jeune génération. Malheureusement, le mécanisme proposé dans la loi 2013 « sur la protection des enfants contre les informations qui nuisent à leur santé et leur développement » s’est révélé inefficace et cela nous a incités à développer de nouvelles mesures », a déclaré l’un des initiateurs du projet de loi.
Il a parlé d’un « grave danger pour toute personne normale et pour l’humanité dans son ensemble », affectant de facto la reproduction. Quant aux lesbiennes, elles ne sont pas évoquées dans le projet de loi des deux députés : « Nous pensons que les femmes sont plus raisonnables que les hommes et maîtrisent mieux leurs émotions »…
Le Parti communiste, en Russie, n’est pas encore à la page
Évidemment, à l’initiative des communistes s’est opposée la critique des militants des droits des homosexuels. L’avocate et activiste gay Maria Bast a déclaré que ce projet de loi n’était « pas digne de vrais gauchistes » (!) et que ce n’est pas comme ça que la Russie continuerait à tisser des liens avec l’Union européenne.
D’autres, comme le député Vitaly Milonov, à l’origine pourtant de la fameuse « loi 2013 » interdisant la propagande gay, ont jugé que les normes existantes étaient suffisantes.
Bref, le sujet ne risque pas, apparemment, de l’emporter. Le PC russe a, décidément, encore quelque progrès à faire pour entrer dans l’ère moderne… où le communisme, « nouvelle veine », a pourtant bien sa place.