Une grande enquête de l’Organisation mondiale de la santé sur l’évolution de la mortalité maternelle dans le monde entre 1990 et 2015 montre que le nombre de morts maternelles a baissé de manière importante, passant de 532.000 au début de la période à 303.000 cette année. L’enquête, menée conjointement par l’OMS avec l’ONU et la Banque mondiale, révèle ainsi que l’Objectif du millénaire qui entendait faire réduire leur nombre de moitié n’a pas été atteint. Elle prouve aussi que les taux les plus bas de mortalité maternelle ne sont pas corrélés avec l’accès à l’avortement, chose que les commentateurs ne mettent généralement pas en avant, tant le discours officiel des promoteurs de l’« avortement sûr et légal » insiste sur le caractère indispensable du « droit » à l’avortement pour assurer une meilleure santé maternelle !
Le nombre moyen de morts maternelles aujourd’hui est de 216 morts par 100.000 naissances : un chiffre qui cache de très grandes disparités. Si les pays riches ne déplorent en moyenne que 12 morts maternelles pour 100.000 naissances, 45 fois plus de femmes dans les pays subsahariens risquent de mourir en donnant la vie puisque le taux de mortalité y atteint 546 pour 100.000 naissances vivantes.
L’OMS constate que la mortalité maternelle a baissé depuis 1990, mais pas assez
A l’évidence, c’est la qualité du système de soins et la possibilité d’en bénéficier effectivement qui jouent le plus grand rôle : sans surprise, c’est dans les pays occidentaux et très urbanisés que les chiffres sont les meilleurs. L’ampleur de la différence montre aussi que les mères meurent de causes plus anodines dans les pays pauvres : précisément celles sur lesquelles il est le plus facile d’agir. Il faut croire que l’« Objectif du millénaire » n’a pas mobilisé à hauteur du volontarisme affiché. On a davantage parlé, au cours de la période, d’accès à la « santé reproductive » et aux contraceptifs que de l’accès à l’accouchement sécurisé en présence de médecins ou de sages-femmes convenablement formés…
Si dans l’ensemble, la situation s’est améliorée au cours de ces 25 dernières années, ce n’est pas le cas dans l’ensemble des pays. 13 d’entre eux affichent des statistiques moins bonnes en 2015 qu’en 1990, et les Etats-Unis – malgré l’Obamacare et autres Medicaid – en fait partie. On y compte aujourd’hui 14 morts maternelles pour 100.000 naissances vivantes contre 12 il y a 25 ans, une dégradation notable à son niveau de population. Font aussi partie de ce groupe des pays comme la Corée du Nord, le Zimbabwe et le Venezuela (façon Chavez).
Dans le même temps, le Belarus est passé de 33 morts pour 100.000 naissances à 4, ce qui le place en 5e position derrière l’Islande, la Finlande, la Pologne et la Grèce, à 3 pour 100.000. La Pologne, précisément, est l’un des pays où la mortalité maternelle est la plus basse du monde alors que l’avortement y demeure très largement proscrit.
La nouvelle étude de l’OMS ne souligne pas que la santé maternelle est liée au « droit » à l’avortement, et pour cause !
Il en va de même avec l’Irlande où le taux de 8 pour 100.000 correspond actuellement à 5 morts maternelles par an (le même nombre qu’au Belarus où les naissances sont plus nombreuses). C’est le même taux qu’en France où l’on déplore 66 morts par an. Aux Etats-Unis, ce nombre atteint 550.
Le Chili continue de se situer dans les meilleures tranches, bien devant d’autres pays sud-américains, avec 22 morts maternelles pour 100.000 naissances, un taux qui ne cesse de s’améliorer depuis que ce pays a renoncé à l’avortement légal. A titre d’exemple, l’Argentine voisine a un taux de 52 pour 100.000 alors que l’avortement y devient de plus en plus accessible, et le Brésil 44 pour 100.000. L’Uruguay affiche un taux de 15 pour 100.000 : c’est l’autre pays le plus « européen » du continent.
Le Sierra Leone atteint le triste record de 1.360 morts maternelles estimées pour 100.000 naissances vivantes, et le risque global pour une femme d’y mourir en donnant la vie est de 1 sur 17.
Le dernier objectif de l’ONU en date est de faire passer la mortalité maternelle moyenne à 70 pour 100.000 d’ici à 2030, sans qu’aucun pays n’affiche une moyenne supérieure à 140. Il y a encore bien du chemin à parcourir, un chemin semé d’embûches alors que l’ONU et les autres organismes internationaux continuent de mettre l’accent sur la contraception, et de manière plus insidieuse sur l’accès à l’avortement « sûr et légal ».
Et ce dans un contexte où la gynécologie est de plus en plus soumise à cette idéologie du « droit à l’avortement », à tel point que les médecins catholiques sont souvent persécutés s’ils veulent exercer leur droit à l’objection de conscience. Or les organismes catholiques jouent un rôle de premier plan dans l’aide aux femmes enceintes et accouchées dans les pays les plus – tels Matercare qui a encore averti des difficultés morales rencontrées par les médecins provie dans bien des pays lors de sa 10e conférence internationale à Rome en septembre.