Syncrétisme : « House of one » : un million d’euros pour un espace de culte interreligieux « trois en un » à Berlin

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Le pasteur Gregor Hohberg, le rabbin Tovia Ben-Chorin et l’imam Kader Sanci posent la première pière de leur projet de lieu de culte commun, à Berlin (Allemagne), le 3 juin 2014.

 
A la fois mosquée, synagogue et église chrétienne : la « House of one » est un projet de lieu de culte qui propose de réunir juifs, chrétiens et musulmans sous un même toit à Berlin, à l’abri d’une architecture totalement impersonnelle offrant une seule entrée vers les trois espaces différents. « La maison de l’un » ne pousse pas le syncrétisme jusqu’à vouloir rassembler les croyants en une seule salle de prière, mais pour ce qui est du relativisme interreligieux, le message est clair : mettre les différentes fois sur un pied d’égalité. Lancée en 2014 par un imam, un rabbin et un pasteur protestant, le projet vient de passer un nouveau cap en franchissant le million d’euros de dons reçus par le biais d’un site de crowd-funding.
 
Les « pierres » de l’édifice peuvent être achetées à dix euros pièce avec l’objectif de réunir 43 millions d’euros, brique par brique. A l’heure qu’il est on est donc très loin de pouvoir envisager la pose de la première d’entre elles. Le syncrétisme religieux s’enseigne et se colporte, il fait l’objet d’un endoctrinement fort répandu, mais ne semble pas répondre à la volonté ni aux convictions des fidèles ordinaires… Il s’en est pourtant trouvé 1.700 à ce jour pour rassembler le premier million.
 

1.700 donateurs offrent un million d’euros pour un espace de culte interreligieux

 
Les initiateurs de ce projet en vérité délirant sont le rabbin Tovia Ben Chorin, l’imam Kadir Sanci et le pasteur Gregor Hohberg, au service d’un multiculturalisme revendiqué – et de plus en plus difficile à faire avaler par les temps qui courent, surtout en Allemagne ! Leur objectif n’est pourtant pas utopique et s’appuie sur l’histoire contemporaine de Berlin, jouant sur la peur et la pitié : Berlin, construite sur le « mélange culturel », doit être un lieu de partage entre membres de communautés diverses. « En fait, ce lieu dont l’histoire comporte des pages sombres, peut être un lieu de paix potentielle », assure ainsi le rabbin Tovia Ben Chorin.
 
Aussi le projet prévoit-il la réalisation d’une salle commune pour les fidèles des trois grandes religions, et des salles particulières, de formes différentes mais de surface strictement égale, pour le culte proprement dit.
 
Comme un cinéma multiplex ?
 
Le site de la culture pop et de la créativité, konbini.com n’y voit que du bon, une réalisation « tendance », « un joli pied de nez à ceux qui voudraient nous faire croire en l’omniprésence des tensions communautaires ».
 

Syncrétisme à Berlin : mettre juifs, protestants et musulmans à égalité

 
Il ne semble pas que « House of one » ait seulement trouvé un terrain, sinon un terrain d’entente de responsables religieux prêts à faire comme s’ils ne se croyaient pas dans le vrai. Mais il serait erroné de renvoyer cela dans le domaine de l’idéologie pure ; d’autant qu’une initiative similaire a abouti à Berne il y a un peu plus d’un an – la « Maison des religions » y fonctionne déjà, sans les juifs mais avec les hindous, les bouddhistes et les alévis.
 
Même le pape François a porté sa pierre à l’idée avec son « intention de prière en vidéo » sur le « dialogue sincère entre les hommes et les femmes de différentes religions » sur fond de mains portant un Bouddha, une menorah, un Jésus en plastique et un chapelet musulman. Yves Daoudal jette là-dessus un regard tranchant.
 

Anne Dolhein