François Hollande s’est dit opposé mercredi à de « nouvelles négociations » sur les demandes britanniques lors du prochain Conseil européen des 18 et 19 février. Le président de la République, qui recevait le premier ministre polonais à l’Elysée, a, dans une déclaration commune avec son hôte à la presse, prétendu tracer une ligne rouge délimitant très exactement un tabou européen.
Alors que, tant du côté de Donald Tusk que du côté de David Cameron, on essaie de vendre, aux Européens comme aux Britanniques, le projet d’accord ficelé par les deux hommes en début de semaine, François Hollande a prétendu hier mettre le holà à toute discussion. Le président de la République française entend peser de tout son poids – qui reste à déterminer… – en ce sens.
François Hollande s’oppose à de « nouvelles négociations »
« Nous sommes favorables à ce que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne, a-t-il déclaré. Le compromis qui a été trouvé permet sans doute de trouver des solutions à des problèmes qui, jusqu’à présent, paraissaient difficiles à régler mais, au Conseil européen, il ne pourra pas y avoir de nouveaux ajustements », ni « de nouvelles négociations ».
A moins que François Hollande se soit décidé à employer désormais un nous de majesté, il est manifeste qu’il s’est érigé, en cette circonstance, en porte-parole de ses partenaires européens – et notamment de la Pologne, puisqu’il s’exprimait aux côtés du premier ministre polonais Beata Szydlo. Or, s’il est vrai que la Pologne connaît nombre de points de friction avec le Royaume-Uni, il n’empêche que, dans l’esprit du nouvel exécutif, la réflexion sur le Brexit doit permettre de reprendre certains débats… ce qui ne correspond pas précisément au discours de François Hollande.
Sur les divers points évoqués avec les Britanniques, celui-ci n’en affirme pas moins : « Nous sommes arrivés à un point qui doit permettre de donner aux Britanniques les assurances nécessaires dans le respect des principes européens. »
Les demandes britanniques traitées sans sérieux
Cette affirmation est manifestement un gag, car il est clair que, pour les Britanniques, certains de ces principes européens vont clairement à l’encontre de leurs demandes. Mais cela manifeste bien, et on en saura gré à François Hollande, que toute la démarche n’est en réalité que de la poudre aux yeux destinée à calmer – espèrent-ils… – les eurosceptiques.
David Cameron s’en est d’ores et déjà rendu compte, puisque, alors qu’il s’efforçait mercredi de vendre aux députés britanniques l’accord mis sur pied avec le président du Conseil européen Donald Tusk, les eurosceptiques britanniques, dans son propre camp, manifestaient bruyamment.
Et la presse n’était pas en reste. A côté des tabloïdes dont on connaît l’habituelle opposition au projet européen, le Guardian, le Daily Telegraph, le Times sonnaient la charge, dénonçant des « marchandages sur des broutilles », et accusant David Cameron de laisser en fait la Grande-Bretagne « à la merci des députés européens »…