Ça y est, l’assurance maladie est largement déficitaire aux Etats-Unis : ils vont avoir leur « trou de la sécu » comme la France… Les résultats des assureurs santé pour 2015 viennent de tomber, et ils sont encore plus inquiétants qu’en 2014 : la mise en œuvre de l’ObamaCare (Affordable Care Act, ou loi sur l’accessibilité financière des soins) a poussé l’an dernier 70 % d’entre eux vers le déficit dans le secteur des plans de protection santé individuels. Des pertes qui vont se creuser en 2016, selon les consultants McKinsey and Company.
Obligés de fournir des assurances à prix limité avec des couvertures imposées par l’Etat, plus des deux tiers des assureurs ne parviennent pas à rentrer dans leurs frais. Humana Inc., l’un des plus gros, a annoncé un important déficit pour 2015 et prévoit 176 millions de dollars de pertes supplémentaires cette année. Blue Cross et Blue Shield ont versé 20,7 milliards de remboursements au cours des trois premiers trimestres de 2015, pour 20,4 milliards de primes seulement – ce qui laisse à leur charge les frais de fonctionnement.
Les assureurs privés portent le poids des exigences de l’ObamaCare
Le système pourrait bien finir par se mordre la queue puisque Humana envisage carrément de se retirer de l’ObamaCare, tout comme UnitedHealth Group qui, ayant subi des pertes de 475 millions de dollars en 2015, ne voit guère la situation s’améliorer en 2016.
Une explication de ces résultats désastreux réside dans le fait que de nombreux assurés attendent d’être effectivement malades avant d’« acheter » leur assurance-maladie, les assureurs étant obligés de les accepter quel que soit leur état de santé. Moyennant quoi, les assureurs ont du mal à calculer leurs primes : sans visibilité, ils n’arrivent plus à évaluer les risques et les malades sont surreprésentés dans leur vivier de cotisants.
« Ce n’est plus une assurance, on passe à autre chose : un programme de répartition des coûts très mal construit », note un auteur très hostile au système, Kevin Williamson.
Aux Etats-Unis, l’assurance maladie privée est poussée vers la sortie par le déficit
Pour Harry Reid, leader du groupe des Démocrates au Sénat, la faillite de l’ObamaCare a été délibérément inscrite dans ses gènes pour laisser la voie libre à un système de sécurité sociale à la charge de l’Etat et dirigé par lui : l’essence même du socialisme. De la part de Reid, c’est un aveu, puisqu’il est l’un des principaux architectes de l’ObamaCare et qu’il a reconnu devant le journaliste Steve Sebelius que l’aboutissement de cela pourrait bien être un système de santé sans le concours des compagnies d’assurance : « Oui, absolument oui. »
La loi sur l’Affordable Care avait pour objectif affiché de réduire les coûts et d’améliorer l’accès aux soins. C’est le contraire qui arrivera, note The New American. A mesure que les compagnies privées se retirent, la hausse des primes est inévitable, et les soins deviendront plus difficiles d’accès… Obama promettait que son système permettrait aux assurés de garder leur médecin, s’ils y étaient attachés, de faire 2.500 dollars d’économie, en moyenne, par famille et par an, et n’ajouterait pas « dix cents » au déficit.
L’ObamaCare ne rencontre pas l’assentiment de nombreux Américains : le système pourrait même peser lourd parmi les thèmes qui compteront dans la campagne présidentielle à venir.