C’est à la fin de 2017 que deux nouveaux hôpitaux privés doivent ouvrir leurs portes à Bruxelles, s’ajoutant un nombre croissant d’établissements de santé à but lucratif qui s’installent actuellement en Belgique. Mais ils auront une particularité : ces hôpitaux seront turcs. Selon le porte-parole de la société qui les gère, Acibadem, ils entendent « se distinguer des hôpitaux locaux par l’innovation et en proposant les meilleurs services possible ». Mais la démarche est aussi communautariste.
Acibadem est un groupe turc à l’origine, qui appartient désormais à des investisseurs malaisiens. Ceux-ci estiment le marché saturé en Turquie et veulent trouver des possibilités d’expansion qui lui permettront d’étendre le nombre d’hôpitaux gérés : il y en a déjà 45, la plupart en Turquie, quelques-uns en Malaisie et en Corée du Sud. A partir de l’année prochaine, on attend de nouvelles implantations à Amsterdam, Rotterdam, Maastricht, puis Londres et Berlin. Acibadem gère également de nombreuses cliniques ophtalmologiques sous la marque « World Eye », « Dünyagöz » en turc. Le groupe propose notamment dix centres de fécondation in vitro.
Des hôpitaux privés turcs en Belgique, pour les Belges mais d’abord pour les Turcs
Le public visé est large, mais ces établissements privés espèrent toucher en particulier les Belges d’origine turque ainsi que des patients étrangers. « Un nombre assez important de Turcs plus âgés profitent de leur congé annuel pour se faire soigner dans des hôpitaux en Turquie. En ouvrant des établissements en Europe, on peut éviter cela », souligne Jacco Vroegop, le porte-parole néerlandais du groupe. « En outre, Bruxelles apparaît comme particulièrement intéressant pour les investisseurs en raison de la multiplicité des employés internationaux. Acibadem comme World Eye visent le haut du panier », a-t-il précisé. Tous ceux qui recherchent de l’innovation et du service, « s’ils peuvent se le permettre, seront les bienvenus ».
Les chirurgiens et médecins qui travailleront à Bruxelles dans ces nouveaux établissements pourront être aussi bien turcs que belges ». C’est la Turquie en Europe avant la lettre : « Les Turcs n’ont pas besoin d’autorisation de la part des pouvoirs publics belges, car tout médecin diplômé peut fonder un hôpital commercial dans ce pays », a indiqué le porte-parole. Un vide juridique permet même l’établissement en Belgique sans reconnaissance officielle, précise la presse belge : le pays compte désormais nombre d’hôpitaux à but lucratif dans cette situation, qui ne sont soumis à aucun contrôle de la part des autorités.
Bientôt deux hôpitaux à but lucratif à Bruxelles sous contrôle turc
Mais des pourparlers sont tout de même en cours avec l’administration belge. « Celle-ci n’était pas franchement impatiente de voir arriver. Nous allons également négocier avec les compagnies d’assurances belges pour le remboursement de certaines interventions, telles les opérations de la cataracte », a fait savoir Vroegop.
Mais la majorité des interventions dans les hôpitaux et cliniques purement privées ne sont pas couvertes par l’assurance et sont en général onéreuses, comme certaines formes de chirurgie plastique. C’est dans ce domaine qu’Acibadem entend se développer, mais aussi dans la dermatologie, urologie, la gynécologie et l’orthopédie.