Voici une nomination qui sent la trahison. Donald Trump devrait nommer Andy Puzder au poste de Secrétaire au travail, indique le site Breitbart.com ». Puzder a jusqu’à présent passé son temps à défendre la liberté d’immigration, les « qualités » de la main d’œuvre étrangère et un libre-échange frénétique. Or Trump a passé sa campagne à défendre les travailleurs américains contre le dumping social pratiqué grâce à l’importation de main d’œuvre à bon marché, l’immigration étant largement hors contrôle.
Andy Puzder est patron de CKE Restaurants, holding de restauration rapide basée en Californie. Dans National Review en juin 2013, cet entrepreneur de choc critiquait l’Obamacare, extension de l’assurance maladie, affirmant qu’elle entraînerait le transfert d’emplois vers des automates. Mais surtout il manifestait son enthousiasme pour les travailleurs d’origine étrangère, expliquant qu’en Californie ils constituaient un pourcentage élevé de ses salariés, « travailleurs, consciencieux, créatifs, appréciant vraiment d’avoir un travail alors que dans d’autres régions vous trouvez plein de gens qui disent que cet emploi n’est pas digne d’eux », ces derniers bien sûr étant les Américains de naissance.
L’usage cynique des immigrés contre les Américains par Puzder
« Avec les immigrés, vous entendez toujours « Dieu merci, j’ai un emploi » (…) c’est une généralisation un peu rapide mais je crois que c’est globalement vrai », ajoutait Puzder, illustrant l’usage cynique d’une population contre une autre. C’est en dénonçant cela que Trump a réussi à emporter l’adhésion de l’électorat populaire jadis classé à gauche.
L’année dernière, Puzder s’était allié au financier Michael Bloomberg, au patron de Walt Disney Bob Iger et au magnat des médias Rupert Murdoch dans un « Partenariat pour une nouvelle économie américaine », lobby favorable à l’ouverture des frontières qui préconise, pour résoudre les questions migratoires, « une solution par le marché ». Entendre : l’immigration est une chance pour le PIB américain. « Les Etats-Unis doivent être ouverts aux immigrés travailleurs venus du monde entier ; notre économie en bénéficiera », écrivait Andy Puzder.
Puzder, remarié après un divorce obtenu par sa première épouse qui l’accusait de violences, républicain ultra-libéral, expliquait aussi que « l’expulsion (d’immigrés illégaux) ne devrait concerner que les criminels ou ceux qui sont devenus un poids pour les finances publiques ». Des travailleurs à bas coût, oui, mais pas des chômeurs indemnisés. Le cynisme atteint ses sommets. Les travailleurs américains sont prévenus.
Trump a pourtant promis des lois plus dures sur l’immigration
Donald Trump avait pourtant expliqué que la seule application des lois existantes sur l’immigration serait insuffisante pour protéger les Américains : « Les lois sur l’immigration ne concernent pas seulement les immigrés criminels. Elles doivent protéger tous les aspects de la vie nationale – les entreprises, les organismes sociaux, le système éducatif et bien plus encore. C’est la raison pour laquelle la réduction de l’immigration est une priorité absolue. Si nous nous contentons d’appliquer les lois existantes nous laissons ouvertes nos frontières au monde entier. »
Enfin, Puzder n’est pas seulement un immigrationniste impénitent. Il est aussi un libre-échangiste forcené. Cette année, dans le Wall Street Journal, il s’est clairement prononcé « contre des droits de douane dissuasifs ».
Andy Puzder fanatique du libre-échange, même dans le monde du travail
La nomination de Puzder au Travail surprendra tous ceux qui ont analysé les raisons du succès inattendu de Trump. Sur MSNBC, le commentateur Chris Matthew constatait ainsi, durant la nuit électorale, que « le monde des affaires veut une force de travail à bas coûts alors que les Démocrates veulent les emplois et les votes », expliquant que « personne ne peut avoir les deux en même temps ». Il ajoutait : « Promenez-vous dans le Michigan, dans le Wisconsin, et vous verrez des villes fantômes. Trump a dit qu’il pouvait lutter contre ça. (…) Je ne connais pas de pays qui n’a pas de frontières ».
Dans National Review, Heather MacDonald, du Manhattan Institute, think tank conservateur, a violemment critiqué la position de Puzder dans un article intitulé « L’Amérique a-t-elle besoin de toujours plus de vendeurs de hamburgers ? » : « On connaît l’argument selon lequel des immigrants peu qualifiés prennent les emplois dont les Américains ne veulent pas. Les travaux agricoles sont certainement des emplois difficiles à pourvoir, mais je suis étonnée qu’il en soit de même pour servir derrière un comptoir de restauration rapide – à moins que cette niche soit désormais la chasse gardée des Mexicains ou des immigrés d’Amérique centrale. Un gamin noir (du quartier déshérité) de Watts aura du mal à être embauché chez Carl’s Jr dans South Central à Los Angeles, car tous les employés parlent espagnol entre eux ». Carl’s Jr est une des chaînes de restaurants propriété d’Andy Puzder.