Homme ou machine ? Le Parlement européen imagine des droits de l’homme pour les robots.

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La commission des affaires juridiques du Parlement européen a adopté à une grande majorité un projet de résolution réclamant de la Commission des règles européennes en matière de droits des robots. Le texte prévoit de « créer le statut de personnes électroniques pour les robots autonomes les plus sophistiqués, impliquant des droits et des obligations spécifiques. » Des « droits de l’homme » pour les machines, en somme.
 

Les robots considérés comme des « personnes électroniques »

 
Nombre d’observateurs se sont montrés atterrés par cette proposition, à l’instar du National Review : « Si l’on accorde des droits aux robots, les droits de l’homme cesseront d’être objectifs, inhérents et inaliénables ; ils dépendront de l’individu et de ses capacités personnelles. Les machines ne sont pas et ne seront jamais des personnes morales. Elles sont simplement des objets ;  même le plus sophistiqué des ordinateurs restera toujours dépendant de son programme. »
 
Le point essentiel de la résolution porte sur la question de la responsabilité juridique : « Si un jour les robots peuvent prendre des décisions autonomes, les règles actuelles ne suffiront pas à définir la responsabilité juridique de ceux-ci. » Et les rédacteurs de poursuivre : « Plus les robots grandiront en autonomie, moins il sera possible de les considérer comme de simples objets dans les mains de leur propriétaire. »
 

Le Parlement européen confond l’homme et la machine

 
Se pose alors la question de la conscience de soi : se pourrait-il qu’un jour les robots soient suffisamment sophistiqués pour parvenir à la conscience, comme dans les inquiétants films de la série Terminator, où les machines cherchent à dominer l’homme, et même à l’éliminer ?
 
Dans le registre comique cette fois, que dire d’un homme qui frappe son robot domestique ? Risque-t-il d’avoir des problèmes avec la justice ? Les histoires de robots sexuels ne manquent pas ces derniers temps : verra-t-on un jour des robots militer comme les « No means No » ?
 
En réalité, élever le non-humain au rang d’humain n’a rien d’une plaisanterie, comme a pu le souligner le rapporteur de la résolution, Marie Delvaux elle-même : « Un robot n’est pas un homme, et il ne le sera jamais. Il peut montrer de l’empathie, mais ne peut en ressentir… » Elle propose de créer une charte pour les concepteurs de robots afin « qu’on ne puisse jamais le confondre avec un homme, ou penser que le robot ressent de l’amour ou qu’il est triste. » Et pourquoi pas ? On peut imaginer que si beaucoup d’êtres humains se mettaient à ressentir des émotions pour des robots, le cœur parlant plus fort que la raison, ils se mettraient à militer en faveur des droits des robots.
 

Donner des droits aux robots, c’est nier la nature humaine

 
« Vouloir donner des droits humains à des machines, des animaux ou à la nature, nous dit le National Review, est un sérieux signe de décadence dans la société, et il doit être absolument rejeté. » Pour les défenseurs de ces droits, les robots sont aujourd’hui à l’état infantile ; à l’avenir, ils vont « grandir » et pourront donc devenir responsables en lieu et place de leur propriétaire. Ces théoriciens oublient qu’un enfant a des droits intrinsèques et objectifs, qui tiennent à sa nature même et ne dépendent pas de ses capacités personnelles.
 
Cela nous renvoie à cette question fondamentale : qu’est-ce que l’homme ? Finalement, si l’on considère qu’il n’a pas d’âme, qu’est-il de plus qu’un peu de chimie et d’eau, une sorte de robot organique ? Il n’est qu’un animal de plus, se distinguant des autres par ses capacités et ses aptitudes, comme un pistolet en plastique diffère d’un pistolet en métal. A une époque où règne le relativisme sur les questions du bien et du mal, il se pourrait que nous signions notre arrêt de mort en créant des robots si « intelligents » qu’ils mèneraient à leur perfection notre athéisme et notre absence de morale.