Une étude publiée par l’institut Pew Research le 10 mai met en évidence le lien entre religion chrétienne et identité nationale dans des pays autrefois dirigés par des dictatures athées. Selon cette étude, une majorité des habitants d’Europe centrale et orientale affirment désormais croire en Dieu, même si la pratique religieuse reste faible, surtout chez les orthodoxes qui ne sont que 10 % à se rendre à l’église chaque semaine, tandis que la proportion est généralement nettement plus élevée chez les catholiques de la région. Le retour du christianisme est néanmoins particulièrement net dans les pays à majorité orthodoxe, dont beaucoup sont des républiques issues de l’éclatement de l’URSS en 1991. En revanche, le catholicisme n’a pas connu la même progression, mais c’est aussi parce que même à l’époque communiste, la population de pays comme la Pologne ou la Hongrie était restée croyante et pratiquante.
Un retour de l’Église plus marqué mais une pratique religieuse plus rare dans les pays orthodoxes
D’une manière générale, la pratique religieuse en Europe centrale et orientale est plus élevée qu’en Europe occidentale. La République tchèque fait ici figure d’exception car c’est un des pays les plus sécularisés d’Europe, avec près des trois-quarts des adultes qui se considèrent athées, agnostiques ou sans religion particulière. Entre 1991 et 2015, la part de Tchèques qui s’identifient eux-mêmes comme catholiques est passée de 44 à 21 % tandis que cette proportion passait de 96 % à 87 % en Pologne et de 63 % à 56 % en Hongrie (qui compte par ailleurs 13 % de personnes s’identifiant comme protestants). Inversement, la part de Russes s’identifiant comme orthodoxes est passée de 37 % à 71 % dans le même temps. Chez les Bulgares et les Ukrainiens, cette proportion a connu un bond respectivement de 59 % à 75 % et de 39 % à 78 %.
Le lien perçu entre christianisme et identité nationale plus fort en Europe centrale et orientale qu’en Europe occidentale
Dans les pays de la région, christianisme et identité nationale sont souvent perçus comme allant de pair. C’est particulièrement vrai avec la notion de « Polonais catholique » et de « Russe orthodoxe » ou encore de « Grec orthodoxe ». En moyenne, 70 % des habitants des pays à majorité orthodoxe considèrent l’orthodoxie comme étant une composante essentielle de leur identité nationale contre 57 % des habitants des pays catholiques qui pensent de même pour le catholicisme.
Pas le même rapport à la Russie dans les pays catholiques d’un côté et orthodoxes de l’autre
Un autre enseignement intéressant de cette étude, c’est le rapport à la Russie et à l’Occident. Contrairement aux habitants des pays catholiques d’Europe centrale et orientale, les habitants des pays à majorité orthodoxe sont une majorité à considérer qu’il y a « conflit entre les valeurs traditionnelles de [leur] pays et celles de l’Occident » et aussi qu’une « Russie forte est nécessaire pour équilibrer l’influence de l’Occident ». En ce qui concerne cette dernière affirmation, l’Ukraine fait figure d’exception tandis que les Grecs, membre de l’OTAN mais majoritairement chrétiens orthodoxes, sont d’accord à 70 %. Côté russe, 77 % des gens interrogés pensent que la Russie a le devoir de protéger les orthodoxes ethniquement russes vivant hors de Russie. Par ailleurs, 68 % des habitants des pays de la région à majorité orthodoxe considèrent leur culture comme supérieure aux autres contre 45 % dans les pays non-orthodoxes.