Au sommaire :
- Hongrois ruinés par l’Euro
- Big brother en Equateur
- A quoi sert la police ?
- Montebourg pète un numéricâble
Hongrois ruinés par l’Euro
Quand la Hongrie s’est rapprochée de l’Union européenne dans les années 2000, beaucoup de foyers ont emprunté en devises pour construire. Or leur monnaie, le Forint, a dévissé après la crise des subprimes en 2008, et ils ont été pris à la gorge. Viktor Orban cherche des solutions pour ces Hongrois ruinés par l’Euro.
Bonne élève de l’ancien bloc de l’Est, la Hongrie des années 2000 était en pleine croissance. Les emprunteurs étaient parfaitement solvables. Quand les banques (surtout allemandes) leur ont offert le choix entre deux solutions, 5% en devise ou 15% en forint, beaucoup ont choisi le taux faible. C’était naturel pour un public sans formation financière, qui espérait, il faut se remettre dans l’ambiance de l’époque, une proche intégration à la zone euro, et qui n’a pas pensé que la différence de taux couvrait précisément le risque de crise et la fragilité du forint.
Les banques coupables mais pas responsables
Ces pauvres gens ont été nettoyés par la crise financière, qui a pour origine, c’est une ironie, l’affaire des subprimes, c’est à dire l’octroi par des banques américaines de prêts immobiliers à des emprunteurs insolvables – sous l’impulsion de la Maison blanche, pour des motifs politiques et démagogiques. Le gouvernement de Viktor Orban essaie maintenant diverses voies pour venir en aide à ces Hongrois ruinés par l’Euro. Dont celle de la renégociation des emprunts avec les banques. Ici, il faudra être précis. En faisant leur offre, les banques, qui se couvraient contre une crise qu’elles anticipaient, ont poussé les emprunteurs à l’erreur. Il ne faudrait pas croire cependant que cela soit intentionnel : saisir des biens n’est jamais bon pour l’image d’une institution financière, et les gérer coûte très cher. La juste mesure dans la renégociation ne sera pas facile à trouver pour le gouvernement hongrois.
Big brother en Equateur
Pays de quinze millions d’habitants l’Equateur vit du cacao, de la banane, du pétrole et du tourisme. La sécurité y est donc un enjeu capital, d’où l’installation massive de vidéo surveillance. C’est efficace, les meurtres reculent de 26% en un an. Mais c’est aussi un moyen de fliquer le citoyen jusque chez lui. Big Brother en Equateur, c’est à peine une anticipation.
Il n’y a pas de limite opérationnelle à l’extension des réseaux de surveillance, précise bien le patron de la police, pas d’autre limite que la nécessité. Mais qui donc fixe la nécessité ? Tant qu’il y aura des crimes, il y aura nécessité d’étendre le réseau de caméras. Aux rues, aux restaurants, aux Eglises, aux usines, aux taxis, aux vespasiennes et au domicile de tous les Equatoriens.
Dialectique licence tyrannie
Si on couple cela avec les nouvelles photos d’identité, qui répondent à des normes très précises, et aux logiciels de reconnaissance faciale, on arrive à un fichage en temps réel de toute la population, immigrés et touristes compris. Big Brother en Equateur, c’est pour aujourd’hui. Alors, quiconque a voyagé en Amérique latine se réjouira que le crime régresse, et se sentira plus à tranquille à Quito que dans certaines capitales voisines, mais à quel prix ? Et selon quelle politique ? Le processus suivi sur cinquante ans est inquiétant : les freins internes de la morale catholique, et la menace de répression policière ont été affaiblis, accroissant l’insécurité : il faut maintenant la juguler par des moyens désormais proprement liberticides. Le couple licence tyrannie amène, ici encore, à une situation totalitaire.