Une étude réalisée par des psychologues de Montréal, au Canada, s’est penchée récemment sur le lien entre la consommation persistante et fréquente de cannabis – dont la prévalence est importante parmi les patients en psychiatrie – et les passages à l’acte violent. Un domaine où peu d’études existent, soulignent Jules Dugré et son équipe : on a beaucoup plus travaillé sur le lien entre alcool et violence ou cocaïne et violence. Peut-être parce que le cannabis est volontiers décrit comme une « drogue douce » ? Mais ce n’est pas à cette inquiétude-là que répond l’étude mais bien à la question de savoir si la consommation de cannabis est un bon prédicteur de violences futures. La réponse est positive.
Dans l’étude présente, les patients étaient interrogés à la fois sur la consommation de marijuana et des comportements comme des agressions, des voies de fait, des menaces avec arme, l’utilisation d’armes contre autrui, viol.
Patients psychiatriques et consommation de cannabis
L’étude menée sur un échantillon de 1.136 patients en psychiatrie, d’un âge moyen de 29,74 ans et comptant 58,7 % d’hommes célibataires, séparés ou divorcés, récemment sortis après une période d’hospitalisation, a permis de vérifier le « séquençage temporel » entre consommation de cannabis et comportements violents par cinq vagues successives. Sur l’échantillon, 83,2 % avouèrent avoir utilisé du cannabis un moment de leur vie, mais 61,9 % n’en avaient pas consommé au moment des cinq périodes examinées par les chercheurs. Plus il y avait d’épisodes de consommation sur ces cinq périodes, plus le risque de violence s’est révélé important.
Une même approche statistique a été utilisée pour vérifier si l’association constatée n’existait pas dans les deux sens : savoir si les personnes violentes sont de plus fréquents utilisateurs de cannabis. « Nos résultats suggèrent une association unidirectionnelle entre consommation de cannabis et violence. (…) Les patients affirmant avoir consommé du cannabis lors de chaque vague de suivi étaient 2,44 fois plus susceptibles d’afficher des comportements violents », affirment les chercheurs dans le résumé de leur article paru dans la revue scientifique Frontiers in Psychiatry.
L’usage répété de cannabis associé à des actes d’agression, des viols et autres violences
Ils jugent leurs constatations particulièrement importantes dans la mesure où elles laissent entendre que plus la consommation de cannabis se prolonge à la suite d’une sortie d’hôpital psychiatrique, plus les patients présentent le risque d’être violents dans les périodes qui suivent.
Tous ces résultats s’inscrivent dans la corrélation habituellement faite entre désordres mentaux, utilisation de drogues et épisodes psychotiques, observent les chercheurs, mais ils soulignent également que le cannabis est fréquemment évoqué lors d’interpellations, d’arrestations, de violences et d’admissions en urgences, sans que des études précédentes n’aient permis d’avoir une image très claire de la corrélation.
Cannabis = violence : on pourrait peut-être en parler aux jeunes ?
Selon les chercheurs, « Il est plausible que le démarrage précoce de la consommation de cannabis chronique (plus précisément avant la maturation du cerveau : avant 16 ans) puisse détériorer les structures neurales associées à l’inhibition et ainsi conduire à un risque augmenté du développement de comportements adultes antisociaux ». Ils concluent à l’importance de développer les études dans ce domaine.
Et aussi – mais c’est nous qui le disons – d’en finir avec l’indulgence dont bénéficie la marijuana sous l’impulsion de la gauche !