Le Dr Everett Piper, président de l’Oklahoma Wesleyan University, en a eu assez de voir son établissement considéré comme « lieu sûr » selon les critères du politiquement correct, qui impose à l’enseignement supérieur américain de veiller à ce qu’aucun étudiant ne se sente agressé, discriminé, violenté dans sa conscience. Il vient de publier un livre sous le titre : Not a Day Care: The Devastating Consequences of Abandoning Truth. « Nous ne sommes pas des garderies : les conséquences dévastatrices de l’abandon de la vérité » – tout un programme.
Tout est parti de la plainte d’un étudiant au moment de la célébration de la semaine de Thanksgiving de 2015 dans cette université qui se trouve à Bartlesville, dans l’Oklahoma. Le vice-président décrochait son téléphone pour avertir le Dr Piper : « Un de nos étudiants m’a pris à partie ce matin après ma causerie lors de la prière du matin à la chapelle. Il m’a dit que j’aurais dû lancer un avertissement avant mon homélie parce que celle-ci l’avait offensé et l’avait mis mal à l’aise. »
La guerre contre le politiquement correct – pour rétablir les droits de la vérité
L’avertissement, c’est le « trigger warning » : cette mise en garde qui prévient qu’une œuvre ou un contenu comporte des éléments pouvant déclencher le rappel d’un traumatisme ou choquer violemment celui qui en est le témoin par surprise. Ce qui peut se concevoir sur internet pour prévenir de la présence d’images fortement choquantes à portée de clic est devenu un passage obligé pour les cours de littérature, de droit, d’histoire… aux Etats-Unis où les étudiants se plaignent volontiers des sentiments négatifs que peut susciter leur fréquentation.
En l’occurrence et vérification faite, l’homélie du vice-président de l’université protestante wesleyenne portait sur le chapitre 13 de la 1e Lettre aux Corinthiens. C’est l’hymne de saint Paul à la charité qui commence ainsi : « Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un airain qui résonne ou une cymbale qui retentit »…
Le garçon « mal à l’aise » l’était parce qu’il s’était senti « victimisé ». « Il apparaît que ce jeune étudiant s’est senti offensé parce qu’un sermon sur l’amour lui a donné le sentiment qu’il n’était pas bon parce qu’il ne faisait pas preuve d’amour », avait écrit dans la foulée le Dr Piper sur le site internet de l’université, ajoutant : « Le sentiment de malaise qu’on éprouve après avoir écouté un sermon s’appelle la conscience. L’appel lancé depuis l’autel est fait précisément pour vous mettre mal à l’aise. Il vise même à vous faire sentir coupable. »
Un président d’université américaine en a assez de servir de garderie
Partagé des millions de fois, le commentaire du professeur a eu un tel retentissement qu’il a décidé d’écrire un livre sur la véritable mission de l’université, création chrétienne du Moyen Age dont le but était de créer « un corps uni d’étudiants et de professeurs recherchant la vérité ».
Une mission dont même les premiers objectifs exprimés par le fondateur de Harvard, un ministre protestant, témoignaient afin que chaque étudiant y soit suffisamment instruit « pour connaître Dieu et Jésus-Christ… et pour faire du Christ le fondement, le seul fondement de toute connaissance et apprentissage solide ».
Depuis, les universités des Etats-Unis ont peu à peu glissé vers l’utilitarisme, et de là vers ce relativisme du pluralisme et de la non confrontation qui aboutissent aujourd’hui à considérer chaque étudiant comme une sorte de dieu intouchable.