Chez Google news l’intelligence artificielle (AI) sert une information prédigérée au lecteur et pourchasse celle qui ne convient pas

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Google se lance dans la généralisation de l’intelligence artificielle (AI) dans ses systèmes, en particulier pour gérer son service « d’information » Google News et y traquer les « fausses nouvelles », ou probablement celles qui n’iront pas dans le sens de la dictature globaliste, multiculturaliste et techniciste. Le système « n’utilisera pas de ressources humaines » pour sa gestion, a vanté une porte-parole. Dans la même veine Google, présidé par Sundar Pichai et dont la société-mère se dénomme désormais en toute modestie Alphabet, introduit aussi dans ses services un assistant numérique qui pourra remplacer l’humain au téléphone sans que son interlocuteur puisse s’en apercevoir. Pour accroître son emprise et remplir ses caisses, le monstre technoscientifique est furieusement misanthropique.
 

Google news va pourchasser les prétendues « fausses nouvelles » au moyen de l’AI

 
Le nouveau service Google News recèle probablement l’innovation la plus redoutable. Sous prétexte de créer des fils d’information personnalisés pour chaque utilisateur particulier, la compagnie introduit l’intelligence artificielle qui, en fait, servira surtout à pourchasser les « fausses nouvelles » (« fake news »), celles pour lesquelles Google comme Facebook sont régulièrement inquiétés. Mais qui détermine le degré de fausseté d’une nouvelle, et sur quels critères ? « Google restructure Google News pour rendre plus aisé l’accès aux informations à partir de sources crédibles et pour souscrire à ces publications », écrit Troy Wolverton dans businessinsider.fr. « En utilisant l’intelligence artificielle, le nouveau service mettra automatiquement en valeur les nouvelles qui vont intéresser le lecteur, tout en rendant plus aisé l’accès aux informations difficiles d’accès sur un sujet donné », poursuit-il. L’AI pourra de même séparer le factuel de l’éditorial, l’analyse et l’opinion.
 
Candeur ou cynisme ? « Nous utilisons l’intelligence artificielle pour mettre en valeur ce que le journalisme peut offrir de meilleur », a gazouillé Sundar Pichai lors de la conférence annuelle des développeurs au siège du quasi-monopole mondial, à Mountain View en Californie. « Nous voulons donner à nos utilisateurs les sources de qualité qu’ils méritent », a-t-il enchéri, sans à aucun moment déterminer ce qu’était la qualité d’une source. Aux Etats-Unis vont-elles être choisies parmi les 99 % de médias américains qui ont soutenu Hillary Clinton, ou en France parmi les 99,9 % qui ont soutenu Emmanuel Macron ?
 

Le nouveau Google News se base sur l’accumulation prodigieuse de données personnelles traitées par l’intelligence artificielle

 
Le nouveau Google News a été lancé ce mardi dans 127 pays. Il offre à ses utilisateurs un fil sur mesure basé sur ce que la compagnie connaît de leurs intérêts et sur leur lieu de vie. En tête du fil seront offert les cinq articles les plus « adaptés » à chaque utilisateur. C’est bien là que le système effraie. Car il implique que Google a accumulé une quantité prodigieuse de données personnelles sur ses utilisateurs pour pouvoir adapter son fil d’information à chacun d’eux : sites visités, mots-clés de recherche, lieu de domiciliation… Google dévoile ainsi une information capitale et potentiellement tragique : il incarne l’œil qui connaît tout de chacun. L’espion est toujours trahi par l’information qu’il livre. Trystan Upstill, patron des nouveaux produits et de l’engineering chez Google avoue, entre ingénuité et machiavélisme, que le système est conçu pour s’adapter « toujours mieux à vos intérêts », et que « plus on l’utilisera, plus il sera efficace ». Car plus on l’utilisera, plus il en saura sur les tréfonds des pensées de ses victimes-utilisatrices.
 
Notons qu’en promettant de faciliter la souscription aux médias, Google tente de répondre aux fournisseurs de contenus qui l’accusent depuis longtemps de piller leur production en la redirigeant vers sa plateforme. Facebook comme Google capitalisent ainsi la grande majorité des investissements en publicité numérique de par le monde, siphonnant d’autant les médias producteurs d’information.
 

Facebook comme Google prétendent sélectionner des informations « crédibles » : à quel titre ?

 
L’annonce de Google survient juste après celle de Facebook qui a annoncé une révision de son offre de nouvelles avec suppression de la priorité donnée aux « posts » issus des publications d’information (pour ménager leurs comptes) et, ce qui inquiète au même titre que l’annonce de Google, prévoit une sélection des seuls articles provenant de sources « largement reconnues comme crédibles ». « Crédibles » à quel titre ? On laisse deviner quelles informations seront jetées dans la géhenne des « fake news ». Chez Google, une porte-parole a tenté de prendre les devants en affirmant que le fil d’informations personnalisé « fournira toutes les mises à jour sur les sujets, incluant tweets, vidéos, opinions, factuels, analyses ». Quand on connaît les biais informatiques introduits par Google dans son moteur de recherche pour favoriser telle source plutôt que telle autre sur un même sujet, on est en droit de douter.
 
Pour couronner ce meilleur des mondes artificiellement intelligent, Google nous a promis lors de sa conférence l’arrivée de robots qui pourront répondre au téléphone sans qu’on puisse les distinguer d’un humain, système dénommé Duplex. Ils pourront aussi écrire des courriels et conduire des voitures. Le PDG de Google Sundar Pichai en est très fier : « Notre concept d’assistant consiste à vous aider à faire les choses. Qu’on puisse passer un coup de fil pour vous vous soulagera beaucoup ». Qu’on puisse se passer de Google soulagerait bien plus.
 

Matthieu Lenoir