La révolution féministe gagne la police anglaise. Tout comportement masculin se trouve soupçonné d’être misogyne et comme tel assimilé à un « crime de haine ». Malgré la réticence d’une société qui voit dans l’islam la pire difficulté dans les relations homme-femme, on va verbaliser le fait de siffler une femme !
Ouf ! Après le Congrès et la demi-finale, en attendant la finale et le quatorze juillet, on a un petit répit pour parler de choses sérieuses, sauf attaque terroriste ou dopage au tour de France. Nous allons donc examiner les nouvelles directives données à la police anglaise par sa direction, en ce qui concerne la surveillance et la sanction des « incidents misogynes ». 43 secteurs d’Angleterre et du Pays de Galles ont reçu des instructions pour surveiller « les crimes de haine fondés sur la différence de genre » en plus des cinq autres types de « crimes de haine » qu’ils surveillent déjà. Parmi les nouveaux « crimes » à surveiller, les injures verbales, le harcèlement de rue, des « approches physiques non souhaitées », les textos non désirés. Et le fait de siffler une femme dans la rue. Cela peut paraître frivole, ou ridicule, mais cela met en œuvre tous les rouages et les roueries de la Révolution totalitaire en marche.
Police, féminisme, misogynie et lexicographie
Commençons par nous entendre : la police fait son travail, et le féminisme le sien, quand ils surveillent, dénoncent et répriment le viol, les agressions et le harcèlement sexuel caractérisé. Leur premier dérapage se situe ici dans le mot misogynie. C’est un mot dont la définition varie. Celle de la police anglaise est « un comportement tourné contre une femme par les hommes simplement parce qu’elle est une femme ». Elle est si vague que chacun peut en tirer ce qu’il veut, l’appliquer à ce qui lui chante. On ouvre simplement une controverse : je puis penser que mon voisin est misogyne et lui que je suis folle. La grosse astuce du féminisme est de prendre un mot qui dépend du jugement subjectif de chacun pour une chose clairement définie s’imposant à tous, et de construire là-dessus une théorie contraignante.
Pourquoi le féminisme fait de la misogynie un « crime de haine »
Sam Smethers, le patron de la Fawcett Society, qui fait campagne pour « l’égalité de genre » est formel : « La misogynie est si répandue qu’elle est devenue la norme dans notre société. En conséquence, les femmes sont considérées de manière courante comme des objets et harcelées. Si nous ne nous y attaquons pas, cela ne changera pas. Nous devons commencer à nommer la misogynie ce qu’elle est en fait : un crime haineux ».
C’est le type de discours politique parfaitement huilé qui tourne sur lui-même, apparemment impeccable, mais qui est en fait une pure tautologie : car il ne correspond à aucune réalité précisée. Ce sont des mots qui s’enchaînent à un mot qui n’a pas trouvé de définition communément acceptée. Et l’on en revient à la question : qu’est-ce que la misogynie? Donc au fameux sifflet qui fait le titre de cet article.
Elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline
Quand j’entends le public moscovite siffler l’équipe de foot anglaise, je ne me pose pas de question. Depuis toujours, l’ours russe et la baleine anglaise se détestent, pour une sombre histoire de maîtrise des mers chaudes, des détroits et de ports en eau libre, ce n’est pas la guerre de Crimée ni l’incident du Dogger Bank qui ont arrangé les choses, ni cette malheureuse affaire d’anciens espions empoisonnés. Siffler les Anglais, c’est leur manifester hostilité et mépris, c’est souhaiter qu’ils perdent, c’est de la misangleterre.
Mais siffler une femme ? D’abord, cela peut lui être agréable ou désagréable, selon sa propre humeur, l’aspect du siffleur, l’intensité du sifflet, et son ton. Tout dépend en somme des circonstances. Mon grand père émettait un bref signe d’admiration entre ses dents. Et, sotto voce : « Bigre la belle femme » ! Ou : « Mazette, elle a de la conversation ».
Le désir de l’homme pour la femme est-il de la misogynie ?
C’est le genre de « misogynie » qui préoccupe M. Smethers parce qu’il était alors « la norme dans la société », mais qui, objectivement, ne véhicule nulle haine, ni même rien de dépréciant. Plus tard, j’ai entendu moi-même siffler de jeunes Italiens à lunettes de soleil et à Vespa, c’était évidemment plus strident, et tante Marie n’aurait pas toléré, mais, quoi que l’intention fût un peu insistante, l’irrespect ne déplaisait pas à toutes et restait très en deçà des limites de l’agression. On n’était pas boulevard de la Chapelle aujourd’hui. Oh, bien sûr, l’hypocrisie ne vaut pas mieux que la pruderie, disons donc les choses : il y a dans le sifflet d’admiration, toujours, comme un écho (plus ou moins) assourdi du désir. Mais le désir de l’homme pour la femme est-il dans toutes ses manifestations une agression misogyne, un crime de haine ? C’est la théorie de la révolution féministe, c’est la folle prémisse du totalitarisme en marche.
La grosse embrouille anglaise du « crime de haine »
Au deuxième dérapage maintenant : le crime haineux, en anglais hate crime. L’anglais use du même mot, crime, pour le stationnement interdit et pour le parricide. Le passage par cette langue de brouillard et d’embrouilles marchandes est toujours source de confusion. Ce que nous traduisons par crime haineux est une simple infraction, inférieure pour la police anglaise au vol à la tire. Mais le mot crime, en anglais comme en français, est une manière de manipuler l’affect au profit du féminisme. Helen Voce, du centre d’aide aux femmes de Nottingham vend la mèche : « La misogynie est le terreau de la violence contre les femmes. Les attitudes à la racine du sexisme sont les mêmes qui mènent à la violence sexuelle. Classer la misogynie parmi les crimes de haine va permettre à la police de traiter fermement la violence contre les femmes. »
Des policiers anglais entraînés à détecter les sifflets misogynes
Malgré ce discours de confusion, malgré l’entraînement spécial que suivra la police, il semble probable que le fait siffler une femme puisse être considéré seul comme un trouble à l’ordre public : mais il est prévu de verbaliser si le sifflet est le signe d’une structure de comportement, par exemple si le contrevenant a par ailleurs écrit des messages répréhensible. Cette disposition, d’usage délicat, fait entrer un peu plus d’arbitraire encore dans le processus. Il y a déjà des chiens policiers, il y aura des agents spécialisés dans la détection des sifflets peccamineux. Mais ce n’est qu’un début. Sarah Green, codirectrice du mouvement féministe End Violence Against Women Coalition exige que la police travaille, dès le départ, en « partenariat » avec les « groupes de femmes » locaux. La puissance publique travaillera donc avec des supplétives politisées, chargées de la délation.
La Révolution totalitaire masque les préjugés d’aujourd’hui : ce sont ses préceptes
Ce n’est pas tout. Sarah Green ajoute : « D’une manière plus générale, nous devons déterminer comment prévenir ces comportements, en premier lieu à l’école ». Voici l’institution scolaire chargée par le commissaire politique de servir à la rééducation des comportements déviants. Ce n’est donc pas par un plaisant abus de langage que j’ai parlé de totalitarisme. Toute la chaine de subversion de la langue et de torsion des comportements a un caractère totalitaire.
Depuis Sylla, et même depuis Thrasybule de Milet, l’Européen sait se garder des tyrans. L’insondable insanité de la révolution féministe, elle, le laisse sans défense. Chaque époque entretient sur elle-même une cécité magique. Nous sommes prompts à dénoncer l’esclavage ou l’aveuglement de la Belle Epoque, mais, en bons besaciers, nous ne voyons rien de nos travers et préjugés, qui seuls pourtant demandent d’être corrigés. Pendant que les féministes anglaises et la police dissertent sur les sifflets, dans l’Europe entière, des migrants allogènes agressent et violent des femmes par milliers.