Le Conseil pontifical pour la culture, en partenariat avec l’université pontificale grégorienne et la conférence des évêques d’Italie, lance une conférence internationale qui a pour but d’aider les diocèses à mieux gérer la question du devenir des églises désaffectées. De nouvelles directives en gestation visent à promouvoir la collaboration avec les communautés locales pour trouver des solutions « appropriées » pour les églises désacralisées.
Triste entreprise, sans doute nécessaire au vu du nombre d’anciens bâtiments consacrés pour lesquels il n’y a plus de « public » : c’est une manière d’accompagner le déclin et l’apostasie croissante en Occident où les fidèles ne fréquentent plus la messe dominicale et où de toute façon, le nombre de prêtres se contracte douloureusement.
« Dieu ne demeure-t-Il plus ici ? » Tel est le titre de cette conférence qui se tiendra les 29 et 30 novembre à Rome, avec un sous-titre parlant : « La désaffectation des lieux de culte et la gestion intégrée de l’héritage culturel ecclésiastique. » Tout un programme en néo-sabir…
Le Vatican veut contrer les images d’églises désaffectées transformées en boîtes de nuit
Pour l’heure, ce sont les gens ordinaires qui sont invités à photographier des églises désacralisées mais réutilisées de manière « positive », et à poster les images sur Instagram. Pour l’heure la moisson est plutôt maigre : sous le hashtag #NoLongerChurches on peut voir une église dominicaine transformée en librairie commerciale à Maastricht aux Pays-Bas, une installation d’art contemporain à Sant’Adrea de Scaphis à Rome et une église en bois à l’état de ruine qui accueille désormais des animaux au Myanmar…
L’idée est de montrer qu’il existe des manières « positives » de recycler les églises en maintenant l’accent sur leur valeur historique, sociale, artistique et sacrée, alors que les médias mettent plutôt en avant les exemples scandaleux l’église transformées en boîte de nuit ou en salles de sport. (Et en mosquées…) Si cela pouvait s’arrêter, ce serait effectivement une bonne chose, mais dans tous les cas, il s’agit seulement ici de prendre acte de l’oubli de Dieu qui vide les édifices saints, qui du point de vue de l’Eglise devrait constituer la cause urgente numéro un.
Mais non, si l’on y réfléchit bien le Conseil pontifical pour la culture veut montrer comment les églises peuvent rester de simples vecteurs de spiritualité indéfinie, signes d’un passé enfoui.
Des directives sur les églises désaffectées : le Conseil pontifical pour la culture veut agir
Incontestablement, les cathédrales peuvent mener à la conversion – ce fut le cas d’Henri Charlier – et la contemplation du beau au Dieu vrai, mais on a tout de même un sentiment de gadget qui se double d’inquiétude lorsqu’on sait que le Conseil pontifical pour la culture est à la manœuvre. Après tout, c’est le cardinal Gianfranco Ravasi qui a favorisé la scandaleuse et blasphématoire exposition d’ornements liturgiques à la Met Gallery de New York il y a quelques mois, sous prétexte de faire admirer la maestria artistique et artisanale dont l’Eglise est capable et qu’elle a favorisée au cours des siècles. Au bout du compte, tout a sombré dans le sacrilège d’une soirée de gala insupportable…
On est heureux d’apprendre que le cardinal Ravasi veuille voir retenu le caractère spirituel, social ou culturel de ces bâtiments où Dieu n’est plus substantiellement présent – mais quel caractère ? Soulagés aussi qu’il prenne la peine de rappeler que le patrimoine mobilier des églises doit lui aussi être respecté… Par exemple, suggère-t-il, en le transférant vers les musées diocésains. C’est toute la différence entre une foi vivante, riche, dont la profondeur féconde l’inspiration des artistes et artisans, et le souvenir d’une culture qui n’est plus qu’un objet d’étude.
Le Conseil pontifical espère voir cette richesse passée participer à la transmission de la culture chrétienne. Mais une culture sans âme, alors. Elle ne saurait être revivifiée par la sève de la grâce.