La loi du marché, qui veut que l’on paie un salarié en fonction de ses capacités, qu’il soit blanc, noir ou jaune, ne suffit pas. Theresa May vient de dévoiler un projet visant à imposer aux moyennes et grandes entreprises de publier des statistiques sur les différences de rémunération en fonction des ethnies de leurs salariés. Ce plan supposément « antiraciste », concocté par une bureaucratie qui suppose qu’un patron est prêt à promouvoir et payer plus cher un cadre en fonction de sa blancheur ou de ses origines britanniques plutôt qu’en fonction de ses aptitudes techniques et culturelles, se base de fait sur une vision racialiste de la société. L’antiracisme du gouvernement britannique est lourd d’une guerre des races.
Theresa May juge que l’ethnie est un « plafond de verre », oubliant la langue et la culture pour se soumettre à l’antiracisme
Ce plan, révélé par le Premier ministre britannique Theresa May ce jeudi, reprend les dispositions d’une récente loi visant à interdire les discriminations salariales basées sur le sexe. S’il est adopté, la dizaine de milliers d’entreprises comptant plus de 250 salariés devront publier annuellement leurs statistiques. Theresa May juge que trop souvent les minorités ethniques se heurtent à un plafond de verre en termes de progression de carrière. « Les mesures que nous allons prendre vont aider les employeurs à identifier les actions nécessaires pour construire une force de travail plus juste et plus diverse ». On attend en vain une analyse des handicaps culturels et linguistiques portés par certaines populations importées.
Le secteur public – santé, armées, enseignement et police – devra établir des plans purement comptables visant à augmenter le recrutement de minorités ethniques à des postes qualifiés. Theresa May a déclaré : « Notre objectif est désormais de faire en sorte que les organisations, les conseils d’administration et les cadres supérieurs soient vraiment le reflet des lieux de travail qu’ils dirigent. »
Une « Charte race au travail », les entreprises inquiètes
Les entreprises vont être consultées – ce sont les premières concernées semble-t-il – dans le cadre de l’établissement d’une « Charte Race au travail ». De hauts fonctionnaires ont confié que le seuil de 250 salariés pourrait être relevé pour épargner les plus petites entreprises. Malgré cela le plan de Theresa May s’est attiré les foudres des partisans de la libre entreprise. Matt Kilcoyne, de l’Institut Adam Smith, est critique : « Plutôt que d’entreprendre le difficile travail de lever les barrières structurelles que subissent de nombreuses personnes en matière d’emploi ce plan, dont le principal objectif est de faire les gros titres, va augmenter les coûts de production. »
Matt Kilcoyne met le doigt sur le principal problème, passé par profits et pertes par le projet de loi, qui est celui des barrières culturelles. « Les migrants font face à un handicap naturel, celui de la langue, autant qu’à des barrières infondées telles que la discrimination », dit-il. Les chiffres demandés aux entreprises « vont donc masquer la complexité des causes entraînant des inégalités entre ethnies et risquent d’être instrumentalisés pour détériorer les relations entre Britanniques », conclut-il. De fait, les contestations de choix de promotion risquent de se multiplier sur le seul critère racial.
« Des statistiques dénuées de sens » en raison des différences entre ethnies importées
Pour Len Shackleton, de l’Institut des Affaires économiques, « on ouvre la boîte de Pandore » : « Il existe quelque cent ethnies (importées, NDLR) dans ce pays, la plupart aussi différentes les unes des autres qu’elles le sont des Britanniques » de souche. « Exiger des entreprises qu’elles publient leurs salaires débouchera sur des statistiques dénuées de sens parce que le nombre de salariés d’ethnies particulières dans chacune d’elles risquent d’être statistiquement insignifiant », poursuit-il. L’administration « va surtout accabler les entreprises d’un peu plus de paperasse sans retour positif pour elles ».
Pour faire bonne mesure, le gouvernement britannique a décerné le titre de « Champion de la race au travail » à Karen Blackett, une dirigeante du géant de la publicité WPP. Mlle Blackett, dont les parents ont grandi aux Barbades avant d’émigrer en Grande-Bretagne, s’est félicitée de cette récompense, l’estimant importante en raison de sa peau noire, de son genre féminin et de ses origines ouvrières.
Salaire horaire moyen par ethnie : Blancs 11,34 livres, Indiens 13,14 livres, Pakistanais 9,52 livres
Les chiffres déjà disponibles sont troublants… mais dans les deux sens. En 2017, le salaire horaire moyen pour les travailleurs blancs s’établissait à 11,34 livres, soit 10 % de plus que pour l’ensemble des autres groupes ethniques. Mais les salariés d’origine indienne se plaçaient en tête, à 13,14 livres, alors que les Pakistanais et les Bangladeshis se situaient en queue à 9,52 livres.
Pour Theresa May, « chaque employé doit avoir la possibilité de progresser et réaliser son potentiel dans le domaine qu’il a choisi, sans préjuger de ses origines, alors que trop souvent les minorités ethniques estiment qu’elles se heurtent à un plafond de verre dès qu’il est question de progression de carrière ». Il reste à déterminer l’origine du plafond de verre : la race ou bien le bagage et les réflexes mentaux, culturels, linguistiques ou religieux ? Le dogme relativiste, multiculturaliste et égalitariste, qui réduit l’homme à un chiffre, déteste ce genre de question.