Une demande signée de l’ancien ministre britannique de l’immigration Robert Jenrick avec le soutien de 40 députés conservateurs en vue de la publication systématique de la nationalité des auteurs de délits et de crimes pour établir un classement selon les pays de provenance fait actuellement l’objet de manœuvres de blocage au Royaume-Uni. La proposition était simple : il s’agissait de faire présenter un rapport annuel sur la criminalité au Parlement, détaillant la nationalité de chaque auteur de crime ou de délit condamné au cours de l’année précédente en Angleterre et au Pays de Galles, avec la précision de son statut : possesseur d’un visa ou demandeur d’asile.
Aurait-on peur des données ? Jenrick avait annoncé que le Royaume-Uni faisait peut-être de l’« importation de crime » et que la « transparence » pouvait intéresser le débat public. Il précisait même que le Danemark, qui n’a pas de ces délicatesses à l’égard de l’immigration, publie régulièrement ce type de statistiques, a pu constater une sur-criminalité chez les migrants venus de Somalie ou du Liban, tandis que les étrangers en provenance du Japon ou de l’Argentine sont sous-représentés.
Les données de la criminalité des migrants au Royaume-Uni : une patate chaude
Le gouvernement de Rishi Sunak a déjà déclaré n’avoir aucun « problème idéologique » concernant le projet mais l’a jugé difficile à mettre en œuvre sur le plan pratique. De hauts fonctionnaires viennent de renchérir en assurant que l’amendement à la loi en discussion sur la justice criminelle ne peut « sans doute » pas entrer dans le cadre de ce texte qui a pour objectif de combattre la criminalité. Cela ne s’invente pas.
Et c’est d’autant plus absurde que la loi entend favoriser la prévention et la détection du crime. Et qu’on n’a pas hésité à y faire intégrer un amendement visant à « décriminaliser » l’avortement – en clair, à le sortir totalement du domaine pénal. Savoir où le crime a le plus de chance de « fleurir » ne peut qu’aider à le combattre – sauf si l’on est « woke », bien entendu.
Le surréalisme est décidément de la partie dans la mesure où les données dont la publication régulière est demandée sont disponibles : le ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni les collecte, et s’abstient simplement de les organiser et de les publier.
A l’heure actuelle, on pourrait envisager d’y demander un accès public par le biais du droit à la communication des informations (le Freedom of Information Act) mais, s’il faut en croire Guy Dampier, éditorialiste au Telegraph de Londres, celui qui le ferait aurait toutes les chances de se voir opposer un refus au motif que la récupération des données serait trop coûteuse. Mais pourquoi un ministre ne pourrait-il y avoir accès sur demande pour l’aider dans ses prises de décision ?
Le refus de publier la ventilation de la criminalité cherche à cacher quelque chose…
Poser la question, c’est y répondre. Politiquement, officiellement, on présente l’immigration comme un bienfait. S’il apparaît que certaines nationalités de migrants sont systématiquement en haut du tableau des méfaits, il semblerait raisonnable de limiter les arrivées en provenance de leurs pays. Insupportable, à l’heure de la non-discrimination !
Pourtant, certaines statistiques existent déjà. Le ministère de la justice publie déjà des statistiques sur les délinquants de nationalité étrangère condamnés à des peines de prison : ils représentent 12 % de la population carcérale au Royaume-Uni. Chez ceux-ci, les Albanais caracolent en tête puisqu’ils représentent 14 % de ces emprisonnés étrangers, soit 1.475 personnes – pour un nombre total d’Albanais actuellement présents dans le pays vaguement estimé à 140.000. Plus d’un Albanais sur 100 serait donc derrière les barreaux… Certains nouveaux arrivants de cette nationalité empruntant la flottille à clandestins qui assure leur transport depuis le continent ne passent que quelques jours sur le sol anglais avant d’être embauchés dans des fermes de production illégale de cannabis.
Ce fait, comme bien d’autres du même ordre, peut intéresser aussi bien les forces de l’ordre que les responsables politiques. Les informations ne sont lâchées, pourtant, qu’au compte-gouttes. Au bon vouloir de l’administration. Ce choix est le révélateur de la politique qu’ils imposent, quoi que puissent en penser les Britanniques…