De l’internet des choses à « l’internet de la pensée » : pour Accenture, la plus grosse société de conseil aux entreprises au monde, l’intelligence artificielle est en train de se transformer en partenaire incontournable de l’entreprise et même de l’humanité, et il est temps de développer une « AI citoyenne ». « Responsable, équitable, transparente », elle doit s’intégrer dans la vie quotidienne munie de normes de fonctionnement analogue aux normes morales. Chez Accenture, on a même créé un « Décalogue de l’entreprise AI responsable » visant à éliminer de son utilisation tout « préjugé », toute discrimination. Comme le résume le Telegraph de Londres, « la meilleure manière d’assurer une intégration sans heurts entre humains et machines est de rendre les machines plus humaines ». L’humanisation des robots : c’est la prochaine frontière de la déshumanisation de l’homme…
Quatre responsables d’entreprise sur cinq pensent que l’intelligence artificielle sera utilisée au sein de leur société comme collaborateur ou conseiller d’ici à deux ans, selon Accenture. Les algorithmes seront bientôt de plus en plus souvent chargés de tâches de plus en plus complexes : du diagnostic d’une affection médicale au rôle de visage public de l’entreprise à travers les chatbots – les robots qui répondent de manière personnalisée aux questions des clients – les conversations artificielles ou les réponses aux courriels.
Accenture veut voir l’intelligence artificielle élevée selon des codes moraux humains
Devant cette maîtrise des données sensibles et ce rôle croissant au sein des rapports humains joué par les algorithmes d’AI, Accenture estime que l’urgence est aujourd’hui de mieux les « éduquer », afin de leur apprendre à « agir » de manière responsable, à expliquer leurs décisions – et même leurs « pensées » – à collaborer de façon agréable.
Un vocabulaire anthropomorphique qui soutient l’idée d’une forme de conscience et d’individualité du robot d’intelligence artificielle : vraie ou fausse, l’idée que l’AI puisse avoir un comportement moral – et à défaut, immoral – contribue à faire progresser cette approche. En faisant comme si, on fait croire que la machine possède une part d’humanité.
Pour cela, nul besoin de créer des « androïdes » à forme humaine. L’objectif est de créer une illusion de rapport avec un être humain. Et cela se fera, s’il faut en croire Accenture, par cette nouvelle manière d’» élever » l’AI, et non de simplement la « produire » : il s’agit de la faire passer des simples réponses aux instructions et accomplissements d’actions automatisées à la prise de décision indépendante, en tenant compte du contexte et en temps réel. En somme, il faut apprendre à l’intelligence artificielle à apprendre et à réagir de la même façon que les êtres humains.
De l’AI citoyenne à l’humanisation des robots
Pour Accenture, c’est une responsabilité qui pèse sur les sociétés ayant recours à l’intelligence artificielle. Est-ce parce que ce sont elles qui seront responsables des actions entreprises par leurs « employées robotiques » ? C’est en tout cas un vaste champ d’action potentielle pour les demandes judiciaires de dommages à l’américaine…
Accenture résume l’affaire en cette phrase révélatrice : « Votre entreprise est-elle prête à intégrer les systèmes d’AI dans la société ? Comment “élèverez”-vous votre AI afin d’en faire un bon citoyen ? »
Elle le dit clairement : « Ce niveau de collaboration homme-machine est la prochaine grande évolution sociétale. De même que les villes ont été construites à proximité des rivières ou des grands carrefours, le monde se remodèle non seulement autour de l’innovation numérique, mais également autour des entreprises et des marques qui fournissent des produits et des services connectés. »
Ils imaginent véritablement transformer la face du monde.