Après l’affaire Boualem Sansal, celle de l’influenceur algérien Doualemn qui n’a pu être expulsé, et le refus réitéré par l’Algérie de reprendre sur son sol le délinquant sous OQTF qui a depuis commis l’attentat de Mulhouse, on croyait que la coupe de l’absurdité et de l’humiliation était pleine. Mais quand le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dressé une liste d’indésirables dangereux, et le Premier ministre parlé de revoir les accords de 1968 entre la France et l’Algérie pour faire pression sur celle-ci, le président de la République les a désavoués en affirmant que la diplomatie est de son domaine privé. Et en n’ouvrant aucune perspective de renégociation. En cela, il est cohérent avec sa posture de candidat de février 2017 quand il avait déclaré, en Algérie, que la France y avait commis le « crime contre l’humanité » sous les espèces de la colonisation. Cette posture de dhimmi n’a rien rapporté à la France en matière d’économie ni de sécurité : juste une série d’humiliations et de surenchères d’un président algérien orchestrant les débordements d’une presse ahurissante. Mais, si l’on regarde en arrière, on s’aperçoit que Macron maintient la politique catastrophique suivie par tous les présidents de la République française depuis 65 ans, le début des années soixante et l’indépendance.
Le privilège algérien institué par l’Algérie en France
Les accords de 1968 entre la France et l’Algérie sont inégaux et dangereux. Alors qu’en France, le Conseil constitutionnel veille à ce que la préférence nationale ne soit jamais instituée en faveur des Français, ils organisent au profit de l’Algérie une préférence pour les Algériens parmi les autres immigrés. Les chiffres traduisent ce privilège algérien dans la réalité : 646.462 titres de séjours à des ressortissants algériens ont été accordés en 2023, loin devant les autres pays. En outre, comme, l’a noté Bruno Retailleau, ces accords ne sont pas correctement appliqués, l’Algérie s’en tenant à ses droits sans remplir ses devoirs : « L’Algérie n’a pas respecté le droit international et ne peut pas offenser la France impunément. Un certain nombre de mesures comme la fin de l’accord de 1968, doivent être envisagées. » Mais la réponse de Macron montre la profondeur de l’humiliation et la limite de l’action du ministre de l’Intérieur : souverain en paroles, il se trouve impuissant devant la politique étrangère constante de la France : le coup de pied de l’âne que lui a donné l’ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin est à cet égard significative. Il a dénoncé la « surenchère » de Retailleau et l’a invité à ne pas céder à la « tentation du règlement de comptes ».
Grâce au ravi Apathie, l’Algérie est maîtresse d’humiliation
Mais ces controverses subalternes à propos de ces accords secondaires masquent un éléphant dans un couloir : c’est depuis l’origine, c’est-à-dire depuis les deux dernières années de l’Algérie française et les négociations menant à l’indépendance, que Paris a choisi l’humiliation pour la France. Et Macron n’est sûrement pas le pire des présidents à cet égard. Quand il parlait de crime contre l’humanité, il s’en tenait, dans un cadre doublement démagogique (appeler une part de la gauche à voter pour lui, tisser des relations avec le pouvoir algérien), à un exercice de verbalisme philosophique. Depuis, hélas, un Stora a traduit cela en élucubrations pseudo-historiques, et un Jean-Michel Apathie en délire journalistique. Lors de la matinale du 25 février sur RTL il affirmait : « Vous savez, chaque année en France on commémore ce qui s’est passé à Oradour-sur-Glane, c’est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie ! Est-ce qu’on en a conscience ? » Et devant le tollé que provoquait cette foucade, il insistait : « On ne s’est pas comportés comme des nazis… Les nazis se sont comportés comme nous, nous l’avons fait en Algérie. » Quand un journaliste, qui certes n’a pas inventé l’eau chaude, mais qui a quand même été choyé par le système, peut proférer de telles âneries, comment éviter que le président algérien s’en serve pour humilier la France ?
L’humiliation de la France remonte à De Gaulle
Elles sont révélatrices de l’état d’esprit de nos élites politiques, universitaires et journalistiques, de la mauvaise conscience paresseuse qui assoupit les esprits depuis cinquante ans. Il est frappant que le traître communiste Audain ait été réhabilité par Emmanuel Macron, mais il est encore plus frappant que les porteurs de valises qui ont aidé le FLN, dont Michel Rocard, la gauche dite modérée, demeure fière de sa trahison, alors qu’en même temps l’armée qui a magnifiquement fait son devoir soit encore aujourd’hui quotidiennement calomniée. Et il faut dire les choses clairement, mettre les pieds dans le plat, la responsabilité en revient au général De Gaulle, qui est à la source de l’humiliation de la France et du malheur des Français d’Algérie, qu’ils fussent d’origine européenne ou d’origine arabe et berbère.
Le hold-up du Sahara donné par la France à l’Algérie
C’est lui qui, ayant dit « moi vivant, le drapeau du FLN ne flottera pas sur Alger », rendit possible les grèves insurrectionnelles de 1960 actant la rupture entre communautés et la victoire du FLN à qui il avait décidé de remettre le pouvoir, malgré d’autres possibilités. C’est lui qui brisa la résistance de l’armée en avril 1961 et poursuivit de sa haine les pieds-noirs, jusqu’au siège de Bab-el-Oued et au massacre de la rue d’Isly après le faux cessez-le-feu du 19 mars 1962. C’est lui qui imposa les désastreux accords d’Evian, auprès de quoi ceux de 68 paraissent gentillets. Des accords qui ne garantirent même pas l’indépendance énergétique de la France et commirent un véritable vol international en attribuant à l’Algérie, en fonction d’un découpage purement colonial, un Sahara qui ne lui avait jamais appartenu dans l’histoire : il dépendait en fait de l’Organisation commune des régions sahariennes, international, où figuraient Maroc, Mali, Mauritanie, Soudan, Niger et Tchad. Le pétrole et le gaz, découverts et mis en valeur par la France, furent donnés à l’Algérie.
65 ans d’humiliation et de massacres
C’est aussi De Gaulle qui ordonna de laisser les harkis en position d’être massacrés. C’est lui qui ordonna à la troupe de rester l’arme au pied pendant que les pieds-noirs étaient massacrés, leurs femmes et leurs filles enlevées pour être jetées dans des bordels à moudjahidines. Entendons-nous bien. On peut raisonnablement penser que, les rapports de force internationaux étant ce qu’ils étaient, et la nature des choses étant ce qu’elle était, le maintien du statu quo en Algérie n’était pas possible. On doit observer aussi que le problème était très difficile et les haines fortes. Mais la façon dont s’y est pris De Gaulle, par la dissimulation, le mensonge, l’humiliation des Français, la précipitation, la division systématique, était moralement et politiquement répréhensible. Ses fruits ont été détestables et ont continué en Algérie dans une guerre civile interminable. L’humiliation, en particulier, remonte à 1960, 61 et 62. 65 ans après, Macron persiste dans le mensonge, mais, heureusement, il ne couvre ni massacres ni prostitution forcée. Pour l’instant.