Contrats avec la France : l’Arabie saoudite fait son marché

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La France et l’Arabie saoudite ont annoncé mercredi la signature de contrats d’une valeur de 12 milliards de dollars. C’est le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui a rendu public cette série d’accords, à l’issue de la première « commission conjointe franco-saoudienne » qui s’est tenue mercredi à Paris. Comme le Qatar, l’Arabie saoudite est manifestement désireuse de se montrer de plus en plus présente sur le marché français.
 

Des contrats pour 12 milliards de dollars

 
Les contrats évoqués lors de cette rencontre parisienne portent, entre autres, sur la livraison de 23 hélicoptères multifonctions Airbus H145, pour un montant de 500 millions de dollars, accord qui complète celui signé il y a dix jours pour l’acquisition de 30 Airbus A320 et 20 Airbus A330 par la compagnie Saudi Airlines – pour un montant, cette fois, de 8 milliards de dollars.
 
Selon Laurent Fabius, Ryad aurait par ailleurs pris un « engagement » pour l’acquisition de patrouilleurs rapides afin de renouveler sa marine. « Cela représente à la fois beaucoup de créations d’emplois et plusieurs centaines de millions d’euros », estime le ministre. A ceci près que la partie saoudienne déclare, pour sa part, que le prix reste à négocier…
 

Le marché français de l’Arabie saoudite

 
Au total, ce serait vingt projets, selon Laurent Fabius, qui seraient en discussion ou déjà signés, pour un montant de « plusieurs dizaines de milliards d’euros s’ils sont intégralement menés à bien ». Si…
 
Car, pour le ministre saoudien de la Défense Mohammad ben Salmane, qui co-présidait la réunion, chacun de ces contrats demande manifestement à être discuté.
 
Quoi qu’il en soit, on comprend la satisfaction française. Car, même à l’état d’étude, ces contrats portent sur un grand nombre de domaines : énergie solaire, santé, transports, aéronautique civile, énergie nucléaire – qui curieusement ne pose plus de problème à d’exportation – coopération industrielle, etc.
 
Dans le cas particulier de l’énergie nucléaire, il a été précisé qu’un accord avait été signé pour « lancer l’étude de faisabilité sur deux réacteurs EPR, qui s’inscrit dans le cadre de l’ambitieux programme énergétique de l’Arabie saoudite ». On suppose que l’adjectif ambitieux est censé donner une assurance de succès au dossier… Car, si la France est en tête pour signer un tel dossier, la concurrence n’en demeure pas moins vive d’ici que la signature soit définitive.
 

La France dans les nouveaux équilibres

 
En cette affaire, la France bénéficie peut-être du récent déplacement de François Hollande dans le Golfe. Mais ce rapprochement franco-saoudien tient surtout aux tensions entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, depuis que ceux-ci cherchent à conclure un accord nucléaire avec l’Iran. Paris, qui n’a que peu d’atouts et d’intérêts dans ce dossier, campe sur une position plus rigoureuse vis-à-vis de Téhéran, ce qui n’est pas pour déplaire aux monarchies du Golfe.
 
Ce faisant, les autorités françaises font fi des avertissements réguliers des ONG sur la situation des droits de l’homme dans ces divers pays. Le mois dernier, Amnesty International évoquait le « bilan épouvantable » de l’Arabie saoudite en ce domaine.
 
Qu’importe ! Lorsqu’il est question d’argent, même l’idéologie se tait !
 

François le Luc