Les prisonniers wiccans – adeptes de la sorcellerie – ou druidiques (on ne doute pas qu’ils forment une part importante de la population carcérale) du Royaume-Uni ont « droit » eux aussi à pratiquer leur religion. Devant cette évidence, le ministère de la justice britannique vient de publier une annonce de recrutement : on ne cherche pas moins de sept aumôniers païens dont le salaire à temps plein a été fixé à 29.176 livres sterling par an.
La description de poste pourrait séduire n’importe quel charlatan prêt à se déguiser en robe New Age : il suffit de se laisser pousser la barbe en pagaille, adopter un regard pénétrant et s’inventer un discours vaguement chamanique et hop, le tour est joué. Hélas pour les plaisantins, il faut faire preuve d’expérience dans la tradition païenne, on sera intraitable là-dessus.
Les heureux élus seront chargés « d’agir comme conseiller spirituel dans l’établissement, en fournissant conseils, soin pastoral et bien-être spirituel aux prisonniers, aux employés de la prison et aux familles, selon la demande ». C’est le « soin religieux des prisonniers et du personnel, dans la tradition de foi païenne », qui se doit d’être proposé, ajoute l’annonce publiée sur un site officiel du gouverment de Sa Majesté.
On cherche sept aumôniers païens « œcuméniques »
Le profil psychologique des aumôniers païens est tout aussi important. Pour être choisi, il faut « posséder la confiance et l’expertise permettant de conduire le rite ouvert, d’officier lors des Rites de Passage et de faire fonctionner des ateliers pour les traditions païennes diverses présentes au sein du système pastoral ». Il ne suffit donc pas d’être païen, il faut s’accommoder d’un paganisme œcuménique. Mieux : il faut être disposé à rejoindre les équipes multiconfessionnelles au service des prisonniers dans chaque région concernée.
Sachant que parmi les aumôniers recherchés pour l’Ile de Wight, Winchester, Styal, Hindley, Manchester, Risley, Erlestoke et Guys March il y a en a au moins un qui sera recruté comme remplaçant, faut-il en déduire que des prêtres, des pasteurs ou des imams ont déjà l’habitude de discuter pastorale avec un « confrère » païen ?
Au Royaume-Uni les prisonniers ont le droit de voir un aumônier de la confession de leur choix pendant une heure par semaine. Le paganisme – y compris le wiccan, le druidisme ou l’adoration d’Odin – est officiellement reconnu par le ministère de la justice. Il y a même des directives officielles sur la manière de satisfaire les besoins légitimes de ces païens diversifiés.
Pas plus de 1.605 détenus païens dans les prisons du Royaume-Uni
Ainsi, ces prisonniers ont-ils le droit de posséder divers objets religieux comme l’encens, des colliers à pentagramme, des cristaux, un calice et même une baguette de bois flexible pour servir de bâton magique.
On ne connaît pas le nombre exact d’aumôniers païens en exercice dans les prisons britanniques : une statistique publiée l’an dernier par le ministère de la justice fait simplement état d’une quarantaine d’aumôniers de prison dont la religion n’est « pas connue », ce qui ne manque pas de sel. Quant au nombre de prisonniers professant une religion qui ne fait pas partie des six croyances majeures, il était de 1.605 en mars dernier, soit 12 % de plus que l’année précédente. On ne sait pas non plus combien de ceux-là se revendiquent païens.
Le recrutement intervient alors que le budget des prisons est en baisse réelle de 22 % au Royaume-Uni.
On a les priorités que l’on peut.