Un avocat catholique interdit de communier à genoux avec sa famille aux Etats-Unis

avocat interdit communier genoux
Mgr Peter Christensen, évêque de Boise


Une famille catholique nombreuse américaine s’est récemment vu refuser de recevoir la communion à genoux au cours d’une messe dans une église du diocèse de Boise (Idaho). Tout comme le prêtre responsable de ce fait, l’évêque local, Mgr Peter Christensen n’a pas voulu reconnaître que le refus du sacrement de l’Eucharistie (sans raison objective) constituait une grave violation du droit canonique.

Scott Smith, avocat catholique, auteur, théologien et père de six enfants, était en vacances avec sa famille dans l’Idaho au mois d’août et s’était rendu à la messe du dimanche à l’église Saint-Charles-Borromée de Hailey. « Après avoir fait deux heures de route depuis les montagnes pour assister à la Sainte Messe, le prêtre de la paroisse nous a refusé à tous, à mes enfants et à mes beaux-parents, la Sainte Communion parce que nous nous étions agenouillés pour recevoir l’Eucharistie », a-t-il raconté en détail sur son blog.

 

L’interdit de communier à genoux, après avoir prêché l’« inclusion »

« C’était tellement triste de voir mes jeunes enfants s’agenouiller avec respect pour recevoir l’Eucharistie, pour voir le prêtre leur faire un signe négatif de la main », écrit-il. « Ironie du sort, avant de refuser la communion à toute ma famille, il venait de prêcher une homélie sur l’inclusion, mettant en garde contre l’exclusivité. »

Après avoir parlé au prêtre de la paroisse à la sortie de la messe, Scott Smith lui a envoyé un courriel, citant la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB), qui s’appuie sur les instructions du Missel romain, le Code de droit canonique et les normes de la Congrégation pour le culte divin et les sacrements.

L’USCCB affirme ceci au sujet de la réception de la communion :

« L’Instruction générale demande à la Conférence des évêques de chaque pays de déterminer la manière de recevoir la Communion et le geste de révérence que chaque personne doit faire en recevant la Communion. Aux Etats-Unis, le corpus des évêques a déterminé que “la norme… est que la Sainte Communion doit être reçue debout, à moins qu’un fidèle particulier ne souhaite recevoir la Communion à genoux” et qu’une inclinaison est l’acte de révérence fait par ceux qui la reçoivent (GIRM no. 160). Cette norme s’appuie sur une instruction du Saint-Siège concernant l’Eucharistie : En distribuant la Sainte Communion, il faut se rappeler que “les ministres sacrés ne peuvent pas refuser les sacrements aux personnes qui les leur demandent opportunément, sont dûment disposées et ne sont pas empêchées par le droit de les recevoir” (Code de droit canonique, can. 843 § 1 ; cf. can. 915). “Ainsi, tout baptisé catholique, qui n’est pas empêché par le droit, doit être admis à recevoir la sainte Communion. Par conséquent, il n’est pas licite de refuser la sainte Communion à un fidèle, pour la simple raison, par exemple, qu’il désire recevoir l’Eucharistie à genoux ou debout.” (Redemptionis Sacramentum, n° 91). »

Resté sans réponse de la part du curé, Scott Smith a adressé une lettre à Mgr Peter Christensen du diocèse de Boise, connu pour avoir donné des instructions aux prêtres de son diocèse afin qu’ils découragent la réception de la communion à genoux.

 

La non-réponse de l’évêque à la famille interdite de communier à genoux

Dans sa réponse à Scott Smith, Mgr Christensen s’est contenté d’affirmer : « Comme l’enseigne notre Eglise, lorsque nous recevons la communion, nous sommes encouragés à avoir une attitude et des gestes unifiés. Peut-être qu’en Louisiane, la position générale pour recevoir la communion est de s’agenouiller, mais ce n’est pas le cas dans le diocèse de Boise. »

Commentaire de Scott Smith sur cette réponse « condescendante » : « Cet évêque ne répond pas au sujet de la violation de la loi de l’Eglise… Il semble également parler de la Louisiane avec mépris et dédain. »

Et de reprendre la plume pour interpeller Mgr Christensen, en lui rappelant les articles de loi et les dispositions de l’USCCB mentionnées plus haut :

« L’unité de l’Eglise vient de son universalité, de sa loi universelle, de son histoire, de son origine – en un mot, de sa catholicité. Les protestants ont une uniformité locale dans les gestes, etc. ; l’Eglise catholique offre une unité bien plus grande. (…) Pouvez-vous me fournir un fondement juridique pour cette violation du droit canonique et des normes établies par l’USCCB ? Vous a-t-on accordé un indult ou une dispense de cette norme ? Si c’est le cas, je voudrais simplement plaider pour que les communiants correctement disposés soient autorisés à faire preuve de révérence devant l’Eucharistie en se mettant à genoux pour recevoir la Sainte Communion. »

Sur son blog, Scott Smith souligne pourquoi la question est importante : ce qui est en jeu, dit-il, c’est la capacité d’un père à enseigner à ses enfants la révérence due à Jésus-Christ, réellement présent dans la Sainte Eucharistie. « Pourquoi est-ce important ? Parce que le langage du corps est le plus grand catéchisme de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Si le père de famille ne peut pas enseigner à ses enfants à s’agenouiller devant Jésus, nous sommes en grave difficulté. » Et d’exhorter l’évêque à se demander par la prière, s’il n’est pas temps de se « mettre à genoux avec révérence et respect » pour protéger les « droits civiques des catholiques ».

Dès 2020, Mgr Christensen interdisait aux prêtres de son diocèse de dire la messe ad orientem et d’utiliser des bancs de communion ou des prie-dieu pour les catholiques qui préfèrent s’agenouiller pour recevoir la communion. A l’époque, il précisait cependant qu’aucun fidèle ne devait se voir refuser la communion pour ce motif.

Il semble l’avoir oublié. Nous revivons décidément à bien des égards les années 1960-1970…

 

J.S.