Opération contre l’industrie des avortements clandestins au Brésil : « criminelle et cruelle »

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Une opération inédite contre des réseaux d’avortements clandestins a eu lieu à Rio de Janeiro, permettant aux policiers de mettre au jour un système hautement lucratif, « criminel et cruel » comme l’indique le magazine Globo, qui présente les résultats de cette enquête de plus de 15 mois. Avec un chiffre d’affaires de près de 650.000 euros par mois (2 millions de reais brésiliens, souvent exigés et payés en dollars américains), il s’agit d’une activité lucrative qui profite de la détresse des femmes.
 

 
Plus de 500 policiers de Rio ont participé aux opérations qui les ont menés jusqu’à un compte en Suisse créditeur de l’équivalent de plus d’1,5 millions d’euros. Pour Globo, c’est une véritable « mafia » impliquant des dizaines de médecins. Dix d’entre eux ont déjà fait de la prison préventive pour ces avortements clandestins en cours d’investigation ; 75 ont été dénoncés à Rio, São Paulo et Espiritu Santo ; 118 font l’objet de mandats d’arrêt.
 
L’un des meneurs, le Dr Aloiso, installé dans un des quartiers les plus huppés de Rio de Janeiro, avait déjà été inquiété par la police en 1962 pour des faits similaires. Il y eut depuis cinq procès, aucun n’ayant abouti à une condamnation faute de preuves suffisantes. Aujourd’hui, l’enquête est bien bouclée, assurent police et procureur. Ceux-ci disposent même d’un enregistrement où le médecin explique à son neveu combien il gagne grâce aux avortements : « En mai, j’ai gagné 300.000 dollars US. »
 

Des avortements véritablement clandestins ?

 
Et il ne s’agit pas forcément d’une pratique clandestine comme on voudrait nous le faire imaginer. Même si dans certaines zones les conditions étaient rudimentaires, l’organisation disposait de médecins, de soignants et aides-soignants, personnel d’accueil, chauffeurs, assurances, placiers. L’une des femmes-médecins participant au réseau faisait jusqu’à 50 avortements par jour. Le réseau permettait aux avorteurs de ne pas se faire concurrence. Et les prix pratiqués y augmentaient avec l’âge de l’enfant à naître : pour 7 mois de gestation – au-delà du seuil de viabilité – c’était l’équivalent de 2.500 euros.
 
En revanche tout était fait pour réduire les coûts : récupération d’anesthésiants périmés retrouvés en nombre dans les cliniques, manque d’hygiène des instruments utilisés.
 

Une industrie de l’avortement

 
A l’évidence, le réseau ne cherchait pas à « aider les femmes », mais à s’enrichir : légale ou illégale, c’est ce que fait l’industrie de l’avortement.
 
Un délégué de la police des polices de Rio, Felipe Bitencourt do Vale, commente : « Les médecins impliqués dans ce trafic n’étaient médecins que de formation mais non pas dans leur essence. Ils ne sauvaient pas des vies, ils n’agissaient même pas par idéologie. Ils ne voulaient que l’argent. »