La chose aurait exercé la causticité de Courteline : tendez vos rouges tabliers, il pleut des vérités premières, mais c’est justement le mérite de certaines études universitaires américaines que de mettre au service de l’évidence les gros sabots des études sociales. Une équipe de Yale a donc observé ce qui calmait le mieux un nourrisson qui crie et pleure. Il a divisé un échantillon de 110 parents d’enfants de six mois à trois ans en deux groupes, fournissant à l’un de vieilles berceuses, et laissant sans rien le groupe témoin. Puis ils les ont laissés affronter leurs poupons en pleurs et les ont invités, de manière aléatoire, à rendre compte. 89 % des parents du premier groupe ont chanté pour calmer, contre 65 % seulement du groupe témoin. Le résultat le plus clair de l’étude était attendu : chanter des berceuses aux bébés les calme. Samuel Mehr, le principal auteur de l’étude, est formel : « L’humeur des bébés s’est globalement améliorée. » La cause en est simple : « Les parents envoient un signal clair à leurs bébés avec leurs berceuses : je suis tout près, je t’entends, je veille sur toi – donc la situation ne peut pas être si grave. » Il faut ajouter que le temps et l’instinct ont sélectionné, sur l’ensemble de la planète, des lignes musicales simples et douces adaptées aux nourrissons, accroissant l’effet rassurant de la voix maternelle. « Pourtant, déplore Samuel Mehr, peu de pédiatres conseillent aux parents des bébés difficiles de leur chanter des chansons. »