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En prison depuis sa bagarre avec son collègue rappeur Kaaris à Orly, Booba vient de twitter son indignation : il se sent lésé par une justice qui protège selon lui les « moines pédophiles » et Benalla. Pris par son cinéma, il n’a plus le sens du réel ni de la norme. Son indécence est un marqueur de notre décadence.
 
« Quand je serai grand, je voudrais être Benalla ou moine pédophile. 10 ans pour une bagarre, c’est avec ou sans le streaming ? » Tel est le texte que Booba a fait poster sur twitter par sa directrice de communication, qu’il a appelée de la cabine de Fleury-Mérogis, et avec qui il l’a rédigé. 
 

Pour Booba, twitter sur Benalla et les pédophiles, c’est se poser en norme

 
Ce tweet devrait être donné en exemple dans les écoles de tweet. « Quand je serai grand » : la bouffonnerie faussement naïve qui désarme. Moine pédophile et Benalla : dans l’air du temps, ratisse large, facile. 10 ans pour une bagarre : il est à noter que le procès n’a pas eu lieu, qu’aucun réquisitoire n’a été prononcé et que le plus féroce des substituts n’oserait aller jusque-là. C’est juste pour le fun, pour la frime. Pour « montrer », avec quelque chose qui n’existe pas, que la justice est terrible envers lui, qu’il existe deux poids, deux mesures, qu’on favorise Benalla, l’ami du président, et les terribles « moines pédophiles », le danger catholique pour lequel la France a tant de complaisance.
 

Rap, bagarre, prison, c’est le cinéma normal de Booba

 
Ce texte sur Twitter résume Booba, qui n’a plus aucun sens de la réalité. Il vit en permanence dans son cinéma intérieur qu’il projette sur la rue, espèce de Mohamed Ali du rap, dans un délire de Narcisse qui s’imagine tout puissant et cherche noise aux daguets qui rêvent de le remplacer. La bagarre d’Orly en est une manifestation. Pour lui, c’est du cinéma normal, il s’imagine la norme, et en tant que citoyen normal, il réclame justice. Aussi fou, aussi simple, que cela. La République est abusive de ne pas laisser s’affronter les Tartarins du rap qui se lancent à la tête des bouteilles de Numéro Cinq. Elle est scandaleuse de les mettre en prison. Aussi forment-ils très sérieusement des recours. Ils paient leurs impôts citoyens, quand même ! Et qu’importe si leurs raps sont des appels au meurtre, qu’importe si leurs actes sont ceux de voyous, ils sont citoyens, respect, man ! Booba assume parfaitement de faire l’apologie du terrorisme islamiste, il est copain d’ailleurs avec Médine, le rappeur islamiste. Eh bien quoi ? Chacun a droit à ses opinions, non ? 
 
L’indécence est un marqueur très sûr de décadence : quand un Booba s’affiche sans complexe sur Twitter, c’est qu’il se prend pour la norme. Alors, la France est en danger.
 

Pauline Mille