Dalil Boubakeur, président du CFCM et recteur de la mosquée de Paris, n’en démord pas. Depuis des semaines, depuis des mois, il se plaint de ce que les quelque 2.200 mosquées françaises ne suffisent pas à l’expression du culte des « sept millions de musulmans » qui pratiquent l’islam en France. Il vient de franchir un nouveau pas en proposant ni plus ni moins dans une Lettre ouverte aux Français de pallier cette pénurie de mosquées en utilisant les églises vides ou abandonnées.
« C’est un problème délicat, mais pourquoi pas, écrit Dalil Boubakeur. (…) C’est le même Dieu, ce sont des rites qui sont voisins, fraternels, et je pense que musulmans et chrétiens peuvent coexister et vivre ensemble. »
Dalil Boubakeur a le même Dieu que les chrétiens…
C’est le même Dieu ? On a beau s’exprimer à des gens que l’on considère déjà comme des dhimmis, il faut tout de même prendre garde à ce que l’on dit. Les djihadistes qui, depuis des siècles, ont égorgé, et continuent d’égorger les chrétiens au nom d’Allah, ont dû, au choix, se retourner dans leur tombe ou s’étrangler. Quant aux rites…
Apparemment, tout le monde n’y trouve pas à redire, puisque l’évêque d’Evry, Mgr Dubost, a répondu : « Je préfère que les Eglises deviennent des mosquées plutôt que des restaurants », accréditant du même coup cette idée, absolument choquante chez un successeur des apôtres et membre de l’Eglise enseignante, d’un même Dieu. Quant aux rites…
L’abbé de Tanoüarn, de l’Institut du Bon Pasteur, et fondateur à Paris du Centre Saint-Paul, lui a aussitôt répondu sur facebook : « Cher Monseigneur, comme je vous comprends : des églises en trop ça doit être crucifiant. Si vous avez une église en trop dans votre diocèse, avant d’en faire une mosquée, pensez à moi et à mes fidèles du Centre Saint-Paul : je dis la messe dans 100 mètres carré, un magasin de fripes transformé en chapelle comme dans la primitive Eglise… Je suis sûr que beaucoup de prêtres des communautés nouvelles sont dans mon cas… »
Que faire des églises si on ne les transforme pas en mosquées ?
Apparemment, Monseigneur n’a pas eu encore le temps de lui répondre. Il est vrai que, entre temps, son voisin et collègue, Mgr Lalanne, évêque de Pontoise, affirmait, au nom de la Conférence des évêques de France, y être tout à fait opposé. « Les églises sont des lieux sacrés, qui, même si elles n’accueillent pas tous les jours les croyants, ne peuvent être utilisées à un autre dessein qu’à l’expression de la foi chrétienne », affirmait-il au micro de RTL.
Dont acte. Il est vrai que les protestations se sont élevées de toute part, comme une goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase de la bonne conscience. Nous ne sommes pas (encore…) en pays musulman !
Philippe Gosselin, le député Républicain de La Manche, a ainsi rétorqué : « Si c’est une plaisanterie, c’est réussi. Si c’est une provocation, attention à l’effet boomerang. »
Malheureusement, ce n’est sans doute ni l’un ni l’autre. Dalil Boubakeur s’exprime tout naturellement, comme si cela était normal. Il devrait peut-être s’adresser directement à François Hollande…
Qu’importe ! les réactions se sont multipliées, et, à notre époque, ce n’est déjà pas si mal de trouver des gens pour défendre l’âme de la France, même sans y participer personnellement.
Et des églises pour les chrétiens ?
On ne sait si Dalil Boubakeur fera un succès de librairie. Mais il lui faudra manifestement revoir au moins son argumentation. D’autant que Marc Fromager, le directeur de l’Aide à l’Eglise en Détresse, a répondu :
« M. Boubakeur pose une question importante. En France, il y 2.500 mosquées pour 5 millions de musulmans, soit une mosquée pour 2.000 fidèles. Dans la péninsule arabique, il y a 22 églises pour 3,1 millions de chrétiens, soit une église pour 141.000 fidèles. Proportionnellement, il y a donc 70 fois plus de mosquées en France que d’églises dans la péninsule arabique. A quand de nouvelles autorisations de constructions d’églises dans la péninsule arabique ? »
La question est évidemment toute théorique. Dalil Boubakeur n’a évidemment aucun pouvoir pour y répondre, et on doute même qu’il le souhaite. Elle n’en méritait pas moins d’être posée ici. Et là-bas…