Boxeur ou boxeuse ? La plainte d’Imane Khelif révèle le deux poids, deux mesures de l’anti-discrimination

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La médaillée d’or olympique de la boxe féminine, l’Algérienne Imane Khelif (à moins qu’il ne s’agisse du médaillé d’or olympique de la boxe féminine, l’Algérien Imane Khelif) ne s’est pas contentée de cogner sur ses adversaires. Après de multiples articles de presse et de commentaires désobligeants de la part de quidams comme de célébrités à travers le monde, celle dont on dit qu’elle présente des chromosomes XY signant définitivement sa masculinité a porté plainte devant la justice française pour « cyber-harcèlement aggravé ». Elle se sent – dit-elle – victime d’une « campagne misogyne, raciste et sexiste » – au motif qu’on n’aurait pas respecté sa féminité, et vise notamment Elon Musk, Donald Trump et J.K. Rowling.

L’identité des coupables devra cependant être déterminée dans le cadre de l’enquête judiciaire – déjà ouverte ; il est des faits qui ne souffrent pas la demeure – puisque techniquement, la plainte vise les réseaux sociaux où ont circulé les propos critiques à l’égard de l’athlète dont on ne peut pas dire que la douceur féminine soit la caractéristique la plus évidemment visible.

 

La boxeuse Imane Khelif se plaint de misogynie

Le dossier Imane Khelif comporte des faits et des inconnues : elle a été élevée comme une fille dans son Algérie natale, mais pourrait souffrir d’une très rare anomalie « intersexe » cachant sa masculinité génétique – et lui offrant l’avantage physique d’une puberté masculine qui permet aux adolescents de développer une force bien plus importante que celle des adolescentes. Elle n’est pas transgenre. Et elle a été disqualifiée en tant que femme l’an dernier par l’International Boxing Association (IBA), sans que celle-ci ne dévoile sur quel fondement précis elle a pris sa décision. Cependant, le caryotype de la médaillée d’or a été présenté l’an dernier comme masculin par l’IBA, dont on conteste aujourd’hui le sérieux parce qu’il serait pro-Poutine… Le Comité international olympique, au contraire, a approuvé sa participation aux JO.

Le tollé des bien-pensants et des woke en faveur de Khelif, doublé de cette plainte si diligemment instruite par la justice française, serait-il donc une sorte de manifestation de galanterie désuète au service d’une demoiselle en détresse ?

On aimerait à le penser – n’était le désarroi des adversaires dont l’intéressée n’a fait qu’une bouchée, et qui n’a pas ému les partisans de l’inclusivité à l’égard d’Imane…

 

L’anti-discrimination, un outil à géométrie variable

Leur émotion est à géométrie variable, c’est désormais clairement établi. Imane, sur l’échelle de la non-discrimination, est placée bien plus haut que son adversaire italienne Angela que la presse a pu allègrement accuser de surjouer sa colère et sa déception lors de son élimination dès son premier round face à l’Algérienne. Personne n’y a vu que du feu.

C’est un peu comme l’abominable blasphème contre Dieu, contre le Christ, contre l’Eucharistie lors de la cérémonie d’ouverture : les chrétiens qui s’en sont indignés n’étaient que des pisse-vinaigre ; des protagonistes du spectacle décadent, eux, telle son chorégraphe Maud Le Pladec, ont saisi la justice pour « cyberharcèlement », ou encore – comme s’en plaint le directeur artistique Thomas Jolly – pour « menaces de mort » (il fut question de la vengeance d’Allah…) et « injure publique en raison de son orientation sexuelle ». Emmanuel Macron s’est dit personnellement « scandalisé et triste » des critiques adressées à Jolly à la suite de la diffusion de son spectacle. Pour les chrétiens offensés, pour Dieu outragé, pas un mot.

Mais après tout, c’est déjà au nom de la non-discrimination que la boxe féminine est devenue un sport olympique. Les compétitions féminines en France n’ont été reconnues qu’en 1999… Ce ne fut sans doute pas la meilleure idée du XXe siècle. Est-il permis d’être vieux-jeu et de dire que de voir une femme cogner sur une femme n’est pas beaucoup moins désolant que de voir un homme boxer contre une femme ?

 

Jeanne Smits