« La Grande-Bretagne va demander à l’UE une période de transition de durée indéterminée pour le Brexit », titrait le Times mercredi. Un projet de document de négociation du gouvernement britannique vu par le journal anglais encourage le gouvernement de Sa Majesté à proposer une période de transition plus longue que celle déjà proposée, qui est de 21 mois après la date du Brexit du 29 mars 2019. ll serait question d’une période de transition devant durer le temps qu’il faudra pour mettre en œuvre la sortie du Royaume-Uni de l’UE, y compris pour les nouveaux régimes de douanes, de commerce et d’immigration. La durée la plus souvent invoquée dans les couloirs des ministères, selon le Times, serait d’au moins cinq ans. Pour les partisans du Brexit, dont ne faisait pas partie Theresa May jusqu’au référendum de juin 2016, il s’agit d’une véritable trahison.
Transition longue : une trahison qui n’a rien de surprenant. Pendant la campagne pour le référendum, Theresa May militait contre le Brexit !
Gerard Batten, député au Parlement européen de l’UKIP, accuse dans les colonnes du Telegraph : « J’avais prévenu que des partisans inavoués de l’UE comme May retarderaient et entraveraient le Brexit dans l’espoir de renverser plus tard la volonté démocratique du peuple. C’est une trahison éhontée et on ne peut pas permettre ça. »
La proposition de la Commission européenne qui est actuellement sur la table prévoit une fin de la période de transition au 31 décembre 2020. D’ici là, le Royaume-Uni n’aura plus de droits de vote dans les institutions bruxelloises mais devra respecter toutes les règles européennes, y compris celles adoptées après mars 2019. Ce qui, pour les partisans du Brexit, réduirait la Grande-Bretagne au rang de vassal. Ils ne peuvent donc que réprouver la contre-proposition de leur gouvernement, selon laquelle « la durée de la période de transition doit être déterminée uniquement par le temps qu’il faudra pour préparer et mettre en place les nouveaux processus et les nouveaux systèmes ».
Le Parti conservateur est divisé sur la question du Brexit, le Parti travailliste est majoritairement contre
Au début du mois, Michel Barnier, le négociateur de la Commission européenne, menaçait le Royaume-Uni de rétorsions s’il n’acceptait pas d’appliquer toutes les règles européennes pendant la période de transition. Actionnant l’autre mâchoire de l’étau dans lequel se trouve prise Theresa May, 62 députés conservateurs pro-Brexit dirigés par Jacob Rees-Mogg ont envoyé une lettre au Premier ministre pour fixer leurs lignes rouges : le Royaume-Uni doit recouvrer son entière liberté en matière de régulations dès après le Brexit et il doit pouvoir signer librement des accords commerciaux avec tout autre pays y compris pendant la période de transition. Sans le soutien de ces 62 députés, Mme May ne pourra plus gouverner.
Pour le Labour, cette lettre met à nu les profondes divisions au sein du Parti conservateur. Rappelons à ce sujet qu’il y avait aussi des personnalités Tories à la soirée de lancement de la campagne anti-Brexit organisée par le milliardaire européen George Soros fin janvier.
Olivier Bault