Parmi les pays émergents, ce sont les Chinois qui empruntent le plus à l’étranger, jusqu’à représenter 25% des dettes transfrontalières de tous les pays émergents, selon la Banque des Règlements Internationaux (BRI), la « banque centrale » des banques centrales. C’est en 2014 que les emprunts chinois ont fortement augmenté, avec un bond de 65 milliards au deuxième trimestre de 2014 pour atteindre le 1.100 milliards de dollars, après une hausse de 50% de juin 2012 à juin 2013. Mais la BRI estime que c’est l’ensemble de la dette des pays émergents qui devient « préoccupante ».
A titre de comparaison, le Brésil doit 311 milliards, et l’Inde et la Corée du Sud 200 milliards chacune. La Chine est aujourd’hui le septième plus gros emprunteur international, derrière les Pays-Bas mais devant le Japon. Il y a cinq ans, les emprunts de la Chine à l’étranger étaient voisins de zéro.
La BRI redoute qu’une bulle financière s’ajoute à la dette
La BRI qualifie cette situation d’« évolution remarquable » depuis la crise financière de 2008-2009. Une situation qui n’est pas exempte de dangers puisque les investisseurs internationaux craignent que la Chine ne devienne à son tour victime d’une « bulle immobilière » à l’heure où le marché de l’immobilier est perçu comme le plus grand risque au sein de l’économie chinoise.
La volatilité des marchés ces dernières semaines conduit la BRI à mettre en garde contre une « fragilité » grandissante des marchés, ce qui ne va pas précisément calmer la situation. La super-banque centrale, basée à Bâle, note dans son rapport trimestriel que le 15 octobre, le rendement sur les bons du trésor américain à 10 ans a chuté de 37 points, soit davantage que le jour où Lehman Brothers avait déposé son bilan en 2008.
On emprunte en dollars
Le tout dans un contexte d’appréciation du dollar : d’un côté la Banque centrale américaine, la Fed, a mis un terme au rachat d’actifs, tandis qu’à l’inverse la Banque centrale européenne (BCE) et celle du Japon assouplissent leur politique. Un ensemble qui dessine et formate les tendances mondiales.
Les pays émergents et les Chinois sous tension
Les décisions de la Fed peuvent notamment envoyer une « onde de choc » vers les pays émergents, notamment ceux d’Asie du Sud-Est, avec des répercussions profondes sur l’économie mondiale, à mesure que leurs monnaies se déprécient par rapport au dollar – alors que leurs emprunts sont en dollars. La Chine, elle, dispose de réserves en dollars en cas de besoin, mais reste à savoir si elle est prête à aider les sociétés chinoises emprunteuses ; le Brésil, la Russie et d’autres sont dans une situation encore plus fragile.
La BRI assure désormais que la tension est encore plus forte qu’à la veille de 2008. Et ce sont les banques centrales qui peuvent tirer les ficelles.