Une fête de l’Aïd-el-Fitr au goût de conquête s’est déroulée dimanche dans la province canadienne Terre-Neuve-et-Labrador où la communauté musulmane a marqué la fin du Ramadan en se rendant massivement à la nouvelle mosquée inaugurée pour l’occasion. Ils étaient environ 6.000 à se presser dans la salle de prière au cours des deux sessions organisées le matin… à l’heure de la messe. Il y a quelques années encore, la messe y était en effet célébrée, mais l’église catholique de Marie Reine de la Paix à St. John’s a été mise en vente en 2022 pour aider à financer le dédommagement des victimes d’abus sexuels à l’orphelinat catholique de Mount Cashel, un scandale datant des années 1970 et mis au jour en 1989.
La vente à l’association islamique de Terre-Neuve-et-Labrador a été conclue en décembre dernier, et des travaux ont rapidement été entrepris pour vider les lieux de son mobilier et de ses symboles chrétiens ; ainsi les vitraux ont été démantelés car les images ne sont pas autorisées dans la salle de prière. Les rénovations ne sont pas achevées mais l’objectif était de tenir deux sessions de prière pour fêter l’Aïd.
« Les gens sont très heureux, ils sont enthousiastes, ils ont le sentiment d’être devenus propriétaires, un sentiment de joie dès lors qu’ils ont un lieu où prier ensemble en tant que groupe uni, comme une communauté », a commenté le président de l’association islamique, Haseen Khan.
Une église transformée en mosquée au Canada juste à temps pour l’Aïd
On a bien compris. Prier ainsi en un lieu dédié, c’est marquer un territoire au nom de l’islam – et quand il s’agit d’une ancienne église, la satisfaction n’en est que plus grande.
C’est aussi à cette aune qu’il faut comprendre le bonheur exprimé par les musulmans, tel Hady Ghoneim venu se joindre aux milliers de fidèles de toute origine sociale venus prier dimanche matin : « On se sent en sécurité, on sent l’amour… on se sent vraiment accueillis. » Quand la communauté musulmane est ainsi autorisée à se réunir pour prier, est-on encore en Dar el-Harb, en « territoire de la guerre » où l’islam n’a pas de droits et ne peut imposer sa loi, la charia ?
En tout cas, le croissant a remplacé la croix à l’église de Marie Reine de la Paix, et on imagine la jouissance avec laquelle Haseen Khan a expliqué à un média national canadien, CBC, que rien ne sera jeté de ce qui a été enlevé pour rendre l’espace digne d’Allah : tous les artefacts de l’ancienne église, y compris les vitraux, qui en constituent « l’histoire », seront réunis dans un « espace d’archive » : « Nous voulons que les gens, les générations futures, sachent comment cet espace a évolué. » Tiens donc !
Son église est devenue mosquée : le prêtre en est « fou de joie »
Mais le plus choquant n’est pas là. CBC a également interrogé début mars un ancien ministre de l’église Marie Reine de la Paix, le P. Paul Lundrigan : il s’est dit « fou de joie » de voir quels sont les nouveaux occupants des lieux. « Tous le monde dans la région avait le cœur brisé de voir la perte de ce lieu en tant qu’église car elle avait une forte signification pour beaucoup d’entre nous », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il était « enthousiasmé » de voir qu’elle a été rachetée par une association musulmane plutôt que d’être rasée ou transformée en immeuble de bureaux. Il se dit heureux de voir qu’elle sera « à nouveau utilisé comme un lieu de culte où Dieu sera loué ».
« Je crois que la tradition de faire communauté et d’avoir un lieu où se rassembler pour partager nos valeurs et d’en faire quelque chose va se poursuivre à travers une autre tradition sacrée merveilleuse grâce à l’association islamique », a proclamé le prêtre.
Au Canada, on croit au discours relativiste des musulmans
Haseen Khan, interrogé par la même occasion, ne pouvait qu’approuver : « Un lieu de culte est utilisé comme lieu de culte. Tout ceci a donc une signification et un objectif très spéciaux pour nous. Nous croyons au même Dieu et nous avons plus de choses en commun que de différences. Je crois donc qu’il s’agit d’un très bon mouvement. »
Les musulmans croient-ils vraiment qu’Allah et la Sainte Trinité des chrétiens sont un seul et même Dieu ? Impossible ! Il suffit de lire les condamnations du Coran visant les « associateurs » qui adorent un Dieu en trois Personnes. En revanche, ils ont toujours le droit d’exercer la taqîya, la dissimulation pour faire avancer leur cause ou éviter la persécution. Cela aussi marque une incompatibilité radicale entre le christianisme et l’islam.
Mais que le remplacement d’une église par une mosquée revête pour les musulmans une signification particulière, on veut bien le croire. Il s’agirait juste d’en prendre la mesure.