Catholiques d’Ukraine, monastères orthodoxes et défense de la famille

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On parle beaucoup ces jours-ci des persécutions que fait endurer le gouvernement de l’Ukraine aux Russes orthodoxes, notamment à travers la révocation du bail de la laure (ou monastère) des Grottes de Kiev. Les choses sont cependant plus complexes, comme le montrent les informations répercutées par le site américain de défense de la liturgie et de la doctrine catholique traditionnelle, OnePeterFive, sous le titre : « Nos frères ukrainiens se battent sur tous les fronts. » La hiérarchie des catholiques d’Ukraine, se mobilise pour les droits des fidèles catholiques ainsi que pour la sauvegarde de la famille, contre les tentatives de dénaturation de sa définition traditionnelle. L’Ukraine se souvient aussi de sa consécration et de celle de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, elle qui avait insisté pour que cela se fasse et qui avait accueilli une Vierge pèlerine de Fatima à cette occasion.

Le pape François, avait choisi l’an dernier la fête de l’Annonciation pour réaliser la consécration du monde, et plus particulièrement la Russie et l’Ukraine, au Cœur Immaculé de Marie. Il a demandé cette année que chacun renouvelle personnellement cette prière. Ce renouvellement a pris un tour solennel en Ukraine, où le patriarche grec-catholique Sviatoslav Shevchuk a redit l’importance de la démarche lors de la Divine Liturgie célébrée en la cathédrale de la Résurrection à Kiev.

Au cours de son homélie, le patriarche a notamment souligné que la consécration avait coïncidé avec « le moment de la libération des terres ukrainiennes de la botte mortelle de l’agresseur russe », qui avait dû se retirer des faubourgs de Kiev et d’autres régions du pays « sous le voile de la Vierge Marie ».

Voici la traduction intégrale de l’article repris par OnePeterFive. – J.S.

 

Le point de vue des catholiques d’Ukraine sur la situation actuelle

Les derniers jours de mars ont été marqués par deux anniversaires importants pour les Églises catholiques d’Ukraine, latine et gréco-catholique, ainsi que par le début d’une nouvelle bataille, non pas sur les théâtres de guerre traditionnels, mais sur les fronts moraux et religieux, suscitant un véritable œcuménisme face à l’impiété.

Le 25 mars, le patriarche Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de l’Église gréco-catholique ukrainienne (UGCC), a évoqué l’importance de l’anniversaire de la consécration de l’Ukraine et de la Russie au Cœur Immaculé de Marie dans son homélie prononcée lors de la Divine Liturgie à la cathédrale patriarcale de la Résurrection à Kiev, indique le département de l’information de l’UGCC.

« Sous le voile de la Vierge Marie, l’Ukraine marche vers la victoire », a déclaré Sa Béatitude. Le patriarche a rappelé qu’il y a un an, le pape François a consacré la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Ce geste, a-t-il ajouté, était conforme aux souhaits de la Bienheureuse Vierge Marie à Fatima.

L’Église de rite latin en Ukraine a marqué l’anniversaire de la consécration, ainsi que la fête de l’Annonciation, lorsque les évêques catholiques romains d’Ukraine, sous la direction de leur nouveau président, Mgr Vitaliy Skomarovskyy, du diocèse de Lutsk, ont renouvelé la consécration de l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie au sanctuaire national de Notre-Dame du Scapulaire, confiés aux carmélites déchaussées à Berdychiv, en Ukraine. La Vierge de Berdychiv (Berdyczow) ou Notre-Dame du Scapulaire est une icône merveilleuse dont les miracles ont été reconnus tout au long de l’histoire. Trois papes l’ont ainsi solennellement fait couronner : Benoît XIV en 1756, puis, 100 ans plus tard, le bienheureux pape Pie IX, en 1856 (après que les couronnes originales furent volées vers 1820), et enfin Jean-Paul II, qui a donné sa bénédiction à l’occasion du couronnement de nouvelle icône en 1997, après que l’original eut été tragiquement détruit lors d’un incendie en 1941.

 

Ouvrir l’accès des catholiques à la vénération des icônes dans les monastères orthodoxes

Toujours dans le domaine des icônes miraculeuses, on a appris en mars que l’UGCC était en pourparlers avec le gouvernement ukrainien pour obtenir un accès autorisé par l’État à la Laure historique de la Sainte Dormition de Pochayiv, afin de pouvoir y prier devant l’icône miraculeuse de Notre-Dame de Pochayiv. Cette icône de la Mère de Dieu a été couronnée en l’honneur de ses nombreux miracles par le pape Clément XIV en 1773. À l’époque, le monastère appartenait à l’Ordre de Saint-Basile le Grand de Saint Josaphat (OSBM), et il était en communion avec Rome, avant d’être repris par les autorités tsaristes et d’être transféré de force à l’Église orthodoxe russe en 1831.

Depuis cette date, les gréco-catholiques n’ont pas eu accès à la Laure, dont les tombes abritent des saints tels Job de Pochayiv, ainsi que la pierre portant l’empreinte du pied de la Mère de Dieu et l’icône de Notre-Dame de Pochayiv. L’UGCC espère que cet état de fait pourra cesser grâce au contrôle accru du gouvernement sur l’hégémonie des juridictions orthodoxes russes sur les sanctuaires historiques du pays.

Cette nouvelle fait suite à des informations selon lesquelles le gouvernement ukrainien a également refusé de renouveler le bail de l’Église orthodoxe russe en Ukraine (anciennement connue sous le nom d’Église orthodoxe ukrainienne-Patriarcat de Moscou) portant sur le site national de la Laure de Kyevo-Pechersk à Kiev, comme le rapporte le Service d’information religieuse de l’Ukraine (RISU). Selon les autorités publiques, poursuit RISU, la Fraternité de la Laure de l’Église orthodoxe russe enfreint depuis des années les règles relatives à l’utilisation exclusive de la propriété à des fins religieuses ; le métropolite Pavel Lebed, vicaire de la Laure, y aurait construit une résidence personnelle ainsi que plusieurs bâtiments à vocation commerciale.

Le deuxième anniversaire a été célébré le 27 mars, date du douzième anniversaire de l’intronisation du patriarche Sviatoslav à la tête de l’UGCC mondiale.

« Dieu est le chef de l’Église, je ne suis que ses mains », a déclaré Sa Béatitude à l’occasion de cet anniversaire. « J’ai toujours pensé que je ne m’étais pas nommé moi-même, que je ne m’étais pas porté volontaire pour être le chef de l’Église – j’ai été appelé », a poursuivi le patriarche, en évoquant les douze années qu’il a passées à la tête de la plus grande Église byzantine en communion avec Rome. Le patriarche Sviatoslav a été élu alors qu’il n’avait que quarante ans, ce qui avait fait de lui à l’époque l’un des plus jeunes primats de l’Église catholique à diriger une Église sui iuris à cette époque. Avant son élection, Sa Béatitude était évêque de l’éparchie de la Sainte Protection de la Mère de Dieu à Buenos Aires, en Argentine.

 

Catholiques et orthodoxes ensemble pour la défense de la famille

La dernière actualité qui nous vient d’Ukraine est centrée sur une nouvelle ligne de front : la famille. Cette lutte pour la famille a atteint un nouveau sommet lorsque l’on a appris que le Conseil panukrainien des églises et des organisations religieuses (dont le patriarche Sviatoslav Shevchuk et l’évêque Vitaliy Kryvytskyy, du diocèse catholique de Zhytomyr-Kyiv, sont membres), a publié une déclaration commune condamnant la proposition de loi visant à modifier la Constitution de l’Ukraine afin d’autoriser les unions civiles entre personnes de même sexe. La déclaration met en garde :

« Nous pouvons prédire qu’en cas d’adoption du projet de loi susmentionné, la prochaine étape pour les lobbyistes homosexuels sera de mettre en place la possibilité d’adoption d’enfants par des couples homosexuels, avec toutes les conséquences extrêmement négatives pour la formation de la personnalité de ces enfants, et la privation de leur droit naturel à être élevés dans une famille à part entière – ayant un père et une mère. »

Le communiqué de presse du Conseil des Eglises ajoute :

« Les personnalités religieuses sont convaincues qu’aujourd’hui, en Ukraine, de précieuses fondations sont posées à la fois pour la victoire dans cette guerre et pour la restauration et le développement ultérieurs du pays. Il est évident que l’un de ces fondements est constitué par la préservation d’une saine définition de la famille, d’où la nécessité d’élaborer et de mettre en œuvre une politique d’Etat axée sur le soutien aux familles et sur le renforcement des relations conjugales… »

Continuons à prier pour nos frères d’Ukraine et pour la paix.

Très Sainte Mère de Dieu, sauvez-nous !

 

L.S Predy, traduction de Jeanne Smits