Invraisemblable. L’hebdomadaire « satirique » Charlie Hebdo, qui peinait à rassembler 10.000 abonnés avant de voir sa rédaction décapitée par un attentat islamiste, en compte aujourd’hui plus de 200.000. Une hausse spectaculaire qui rend compte d’un « élan de solidarité » laïque et obligatoire. C’est riche à millions que Charlie peut envisager l’avenir. En 2014, il ne parvenait pas à vendre les 30.000 exemplaires par numéro qui lui auraient assuré l’équilibre financier : avec 200.000 abonnés, 14 millions d’euros sont tombés dans les caisses. C’est sans compter les ventes en kiosques et la formidable opération réalisée avec la vente probable de 7,5 millions d’exemplaires de son numéro d’« après-attentat ».
Le total des rentrées est tout aussi spectaculaire. Cela a commencé avec le déblocage de fonds par le ministre de la Culture – le million d’euros de Fleur Pellerin – et par l’association Presse et Pluralisme, maître des fonds versés moyennant ristourne fiscale par des donateurs qui n’avaient sans doute pas en tête l’idée de payer pour les obscénités et les blasphèmes hebdomadaires de Charlie Hebdo.
200.000 abonnés pour un hebdo au ton ignoble ?
Sachant que des collectivités publiques ont largement participé à la prise d’abonnements, c’est donc d’abord la République, puisant dans les poches des contribuables, qui a envoyé un message de soutien à Charlie Hebdo. Non conformiste, l’équipe de Charlie ? Non : elle est introduite dans les milieux du pouvoir et exprime une part de la « vérité » républicaine qui depuis l’origine, revendique le rejet de Dieu. C’est pourquoi l’hebdomadaire ne doit pas mourir.
Cela n’enlève rien à l’horreur de ce qui est arrivé le 7 janvier. On apprend que les 2,37 millions de dons directement perçus par le journal seront reversés aux ayants droit des victimes. Cela ne mettra pas fin à leur peine et on n’aura pas pas le mauvais goût de critiquer cette décision… mais en fait-on autant pour les familles des militaires qui sont « morts pour la France » ?
Hausse des ventes de Charlie, avec l’aide de l’Etat
Avec la ruée sur les ventes le 14 janvier, et la « solidarité » des distributeurs de presse et des kiosquiers, le total des rentrées augmente encore. Il pourrait bien dépasser les 30 millions d’euros. Tout ça pour un fanzine spécialisé dans la blague potache, le dessin scatologique, l’insulte obscène, la désécration systématique. Les 190.000 nouveaux abonnés de Charlie vont-ils apprécier le cocktail ?
Une chose est sûre : parmi les millions d’acheteurs de Charlie du 14 janvier, certains ont dû être surpris par ses blasphèmes contre le Christ en croix et la Sainte Communion. Des blasphèmes qui rapportent, comme on l’a vu, et qui sont donc l’objet d’un soutien public, officiel, déclaré. Il paraît que des braves gens sont venus rapporter leur Charlie au kiosque le lendemain, dans l’espoir de se faire rembourser. Ils n’ont pas compris que par les temps qui courent, c’est presque un Journal officiel…