ChatGPT et les autres LLM utilisés par un Américain sur deux ; ils leur attribuent des qualités humaines

ChatGPT LLM utilisés Américain
 

Depuis que ChatGPT a fait son entrée parmi le grand public en tant que grand modèle de langage en novembre 2022, lui et ses semblables connaissent une progression ultra-rapide, de nombreux internautes s’en servant désormais comme d’une sorte de moteur de recherche avec lequel l’interaction serait en passe d’acquérir des caractéristiques quasi humaines. Il s’agirait de l’une des adoptions les plus rapides, sinon de l’adoption la plus rapide d’une nouvelle technologie de l’histoire humaine, fonctionnant en l’occurrence à l’intelligence artificielle (IA). Toutes catégories de population confondues…

C’est ce que révèle un sondage national mené aux Etats-Unis au mois de janvier par le centre « Imagining the Future » d’Elon University, université privée de la ville d’Elon en Caroline du Nord – rien à voir avec Elon Musk !

Aujourd’hui, plus de 50 % des Américains ont recours à des grands modèles de langage (LLM) tels ChatGPT, Gemini, Claude et Copilot. Et si les jeunes plutôt à l’aise financièrement et ayant une formation supérieure sont un peu plus enclins à s’en servir que la moyenne de la population (57 %), 53 % des foyers des catégories moins fortunés, aux revenus annuels inférieurs à 50.000 dollars, s’en servent aussi.

Les Hispaniques y ont recours davantage que les Noirs (66 % contre 57 %) et que les Blancs (47 %). Les jeunes de 18-29 ans crèvent le plafond avec 77 % d’adeptes.

 

ChatGPT et les autres LLM séduisent plus de 77 % des moins de 30 ans

10 % des utilisateurs répertoriés parmi les 500 personnes sondées (marge d’erreur : environ 5,1 points de pourcentage) assurent se servir « quasi constamment » des LLM ; 34 % des utilisateurs y ont recours au moins une fois par jour. La moitié assurent utiliser ChatGPT (72 % des utilisateurs s’en sont servis), Gemini, Copilot, LLaMa, Grok, Claude et plus marginalement d’autres LLM à des fins personnelles, et notamment pour « l’apprentissage informel ». Seuls 24 % s’en servent pour le travail, 11 % pour l’école (mais le panel interrogé était composé uniquement d’adultes).

C’est en réalité une révolution majeure qui se dessine, par le nombre des utilisateurs et par l’usage qu’ils font des grands modèles de langage. Les deux tiers des utilisateurs s’en servent comme moteurs de recherche (d’expérience, les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que l’on peut obtenir soi-même). Mais en outre, un utilisateur sur deux y a recours comme un partenaire de « brainstorming », ou pour obtenir un résumé des documents proposés. Un tiers les utilise pour faire des exposés ou pour planifier un événement ou un voyage. 25 % font appel aux LLM pour écrire du code informatique. 23 % les interrogent au sujet des personnes qu’ils connaissent, 18 % pour savoir ce que les LLM disent à leur propre sujet.

Chose que j’avais faite en interrogeant ChatGPT : de manière fort inélégante, le LLM m’avait vieillie de 15 ans, et prétendait que j’avais collaboré en tant que journaliste avec Le Figaro et Famille chrétienne, ce qui n’est jamais arrivé. Comme je demandais une preuve de ce qui était avancé, ChatGPT me répondait pouvoir se tromper et qu’il fallait vérifier les informations fournies.

 

Si l’erreur fait partie des qualités humaines, les LLM en ont !

Errare humanum est ! Si la propension à faire des erreurs est propre à l’homme, on comprend que les LLM-IA trompent leur monde à ce sujet. C’est si vrai que 38 % des utilisateurs estiment que d’ici à dix ans, les grands modèles de langage formeront des « relations profondes avec les êtres humains ». 65 % des utilisateurs affirment déjà avoir eu des échanges parlés avec ces robots, et la moitié d’entre eux s’adonnent à ces « conversations » plusieurs fois par semaine. 40 % estiment que les LLM agissent comme s’ils les comprenaient, 25 % y trouvent un interlocuteur qui les met de bonne humeur, 22 % assurent que les LLM semblent exprimer de l’empathie.

Un utilisateur sur dix s’adresse déjà-à aux LLM pour des conversations à bâtons rompues et pour avoir une « compagnie ».

Et 7 % affirment que le robot qu’ils choisissent semble « jaloux » d’après ses réponses.

49 % les jugent « plus intelligents » qu’ils ne le sont eux-mêmes, voire « beaucoup plus intelligents » (26 %). On leur attribue une apparente « confiance en eux-mêmes », la capacité de penser et de raisonner, le sens de l’humour (32 %), et même, selon un quart des utilisateurs, l’expression de jugements moraux sur le bien et le mal « au moins parfois ». 17 % leur trouvent des réponses marquées de « sarcasme », 11 % y devinent de la « tristesse », contre « l’espoir » que croient déceler 24 % des utilisateurs.

Autrement dit, ces robots sont vus au moins comme des humanoïdes par une part non négligeable de leurs utilisateurs, qui se trouvent au demeurant largement satisfaits ou assez satisfaits de leurs réponses.

 

Les LLM sont vus comme négatifs sur de nombreux plans

Pour autant l’utilisation des LLM met les êtres humains mal à l’aise à l’occasion : 50 % se jugent « paresseux » en les utilisant, 35 % ont l’impression de tricher, autant se sentent frustrés ou désorientés et ils sont presque autant à se reprocher de devenir trop dépendants, en perdant l’habitude de penser eux-mêmes.

23 % estiment déjà avoir fait une erreur importante ou avoir pris une mauvaise décision en s’appuyant sur les informations « générées » par un LLM. 21 % sont persuadés d’avoir exposé leur vie privée ou d’avoir été « manipulés » par un LLM.

Une forte majorité (63 %) craint déjà « l’isolement social » et le replacement des « relations humaines » qui découlera du recours croissant à ces robots linguistiques. D’autres inconvénients sont cités : la perte d’emplois, le déclassement de l’intelligence humaine, la possible apparition de troubles sociaux. 40 % voient même les LLM développer leur propre identité et leurs propres objectifs.

Ils perçoivent ainsi la capacité des robots à opérer le « grand remplacement » de l’homme et à s’imposer à ce dernier.

L’homme est en train d’externaliser la pensée en oubliant sa propre âme. Rien de cela n’eût été possible si l’homme avait conscience de sa propre nature, et de la raison pour laquelle il a été créé : pour connaître, aimer et servir Dieu, comme le dit le catéchisme. Le robot est en train de lui voler son humanité. Pour mieux la détruire ?

 

Jeanne Smits