Le Musée du Luxembourg propose une intéressante exposition consacrée aux Chefs d’œuvre de Budapest. Des tableaux du Musée des Beaux-Arts de Budapest voyagent durant les travaux qui ont lieu dans cet établissement. Le titre pourrait prêter à confusion : s’agirait-il de l’exposition de tableaux de grands peintres hongrois ? Ce serait une bonne question de culture générale que de réussir à en citer quelques-uns. La Hongrie a compté quelques artistes de renom national au XVème, relevant du gothique international tardif ou de la Renaissance, ou au XIXème siècle, tels l’un des rares connus à l’étranger Mihaly Munkacsy, reproduisant les grands courants du temps. Le grand vide de plusieurs siècles correspond à l’occupation turque – début XVIème-fin XVIIème siècles – et au siècle de récupération qui a suivi, après la libération obtenue par les armées autrichiennes.
En fait, l’exposition présente les chefs d’œuvre des musées de Budapest. Ces derniers ont été créés dans la deuxième moitié du XIXème siècle dans l’optique de la reconstruction nationale hongroise, permise dans le cadre du compromis de 1867 avec l’Autriche. Ce compromis a ressemblé en réalité à une association forcée, mais avec une réelle autonomie pour la Hongrie, en particulier dans le domaine culturel. Cet arrière-fond historique est essentiel ; les commissaires l’ont perçu, mais les explications sont données de façon maladroite, voire parfois fautive. Des magnats hongrois, très riches, et patriotes, ont réalisé beaucoup d’achats au XIXème siècle et sont à l’origine, via leurs donations, des fonds considérables, trop méconnus, des Musées de Budapest. De la Renaissance à 1914, l’exposition propose une petite Histoire de l’Art européen, avec des tableaux très rarement vus en France.
Chefs d’œuvre de Budapest : une exposition d’une grand intérêt, avec quelques chefs-d’œuvre
C’est là que réside le grand intérêt de Chefs d’œuvre de Budapest : le visiteur découvre des tableaux inconnus ou méconnus, suivant un parcours respectant une cohérence chronologique, et géographique ou thématique pour les grandes écoles de peinture européenne. Avec des titres parfois singuliers, le parcours reproduit un cours d’Histoire de l’Art des plus classiques : se succèdent Renaissance germanique, Renaissance internationale, Contre-Réforme, Age d’Or hollandais, Portraits, Avant-gardes, Symbolisme et Modernité. A travers toutes ces salles se retrouvent, dans l’ordre, les grands noms européens : Bellini, Le Greco, Tiepolo, Manet… Le lien avec les artistes hongrois apparaît clairement pour quelques courants comme l’impressionnisme, manifestement copié par des artistes locaux. Toutes les salles intéressent l’esthète, sauf peut-être celle consacrée au XXème siècle, et encore n’est-ce que le début, qui relève pour l’essentiel en Hongrie comme ailleurs de la démarche de l’autodestruction.
Nous avons particulièrement apprécié trois tableaux que nous qualifierions en effet de chefs-d’œuvre : Salomé avec la tête de saint Jean-Baptiste de Lucas Cranach l’Ancien, le Portrait d’homme de Véronèse, la Madeleine pénitente du Greco.
Hector Jovien
* Ouverture tous les jours de 10 h à 19 h, nocturne les vendredis jusqu’à 21 h 30. Fermeture le 1er mai. Dans le cadre du plan Vigipirate, un seul sac par personne (type sac à main) est autorisé.
* Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris 6e. Tél : 01 40 13 62 00
* Plein : 12 € ; réduit : 7,5 € (16-25 ans, demandeurs d’emploi et famille nombreuse) ; spécial Jeune : 7,5 € pour deux entrées (du lundi au vendredi à partir de 17 h) ; gratuit pour les moins de 16 ans, bénéficiaires des minima sociaux ; des audioguides (en quatre langues : français, anglais, espagnol et allemand) sont proposés sur place à la location au tarif de 4 €.