C’est le nombre d’éléphants qui vivent au Botswana, ce pays d’Afrique australe un peu plus grand que la France métropolitaine. Soit près d’un tiers des 415.000 éléphants qui peuplent l’Afrique. On a fort justement noté que le nombre de ces pachydermes a fortement baissé depuis un siècle à cause notamment de la déforestation, des cultures et du braconnage, ce qui a entraîné la communauté internationale à interdire le commerce de l’ivoire et Bruxelles en particulier à interdire sur le territoire de l’Union européenne les trophées que rapportaient jadis les chasseurs. Or, c’est précisément la chasse organisée, avec l’argent qu’elle rapporte, les gardes qu’elle paie, qui a permis à 6 pays (Afrique du Sud, Botswana, Namibie, Zimbabwe, Tanzanie, Kenya) de préserver leurs troupeaux et même de les faire croître. Seulement, il est arrivé pour les éléphants là-bas ce qui se passe chez nous pour les chevreuils et les sangliers, ils ont proliféré. Dans le parc Kruger, en Afrique du Sud, ils sont si nombreux qu’ils déracinent les arbres pour en manger les feuilles, ce qui modifie peu à peu l’écosystème. Quant au Botswana, où leur nombre a triplé depuis les années 1980, ils sont devenus un fléau national : il est impossible de les cantonner dans des réserves, ils se déplacent en piétinant les récoltes, arrachant les arbres fruitiers et tuant le bétail à l’occasion. De nombreux villages, dans le delta de l’Okavango sont complètement chamboulés, au bord de la famine. Or ces animaux sont protégés, et la réglementation internationale est rigide. Le président Mogweetsi Masisi constate : « Nous payons le prix de la préservation de ces animaux pour le monde entier. » Depuis 2019, il a fixé un plan de chasse de 70 bêtes qui a rapporté deux millions de dollars, permettant de les éloigner de certains villages et de dédommager les autres. Les riches chasseurs sont souvent allemands et entendent rapporter chez eux le trophée de la bête qui leur a coûté si cher (35.000 dollars pour la seule taxe d’abattage). Or le ministre allemand de l’environnement, la verte Steffi Lemke, s’appuyant sur la réglementation de la commission, entend interdire leur entrée en Allemagne. Apprenant cela, le président Mogweetsi Masisi a écrit dans le grand journal Bild qu’il allait offrir 20.000 éléphants à l’Allemagne pour que « les Allemands commencent à comprendre ce que les Botswanais vivent au quotidien ». Les Verts allemands, eux, recommandent de faire prendre des contraceptifs aux éléphantes. C’est techniquement possible, et, si c’est bien fait, cela devrait avoir des effets dans trente ans. Les paysans dont les champs sont ravagés ne comptent pas attendre : les plus vieux se rappellent qu’au début des années 2000, ils empoisonnaient les points d’eau pour éliminer les prédateurs. Si l’on interdit à nouveau la chasse et les trophées, ils recommenceront. Voilà où mène l’écologisme idéologique.