La Chine met en place un nouveau programme de développement de l’AI (intelligence artificielle)

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Salon international du robot, à Shanghai, en Chine, le 5 juillet 2017.

 
La Chine ne s’en cache pas : elle cherche à prendre un rôle dominant dans le domaine de l’intelligence artificielle. Le 20 juillet dernier, le Conseil d’Etat de cette grande puissance communiste a présenté son « plan de développement de l’intelligence artificielle de nouvelle génération » qui vise à permettre à la Chine de garder son avantage de « précurseur » afin de se placer comme « premier centre global d’innovation de l’AI » d’ici à 2030.
 
Le cadre stratégique annoncé par la Chine affiche trois objectifs conjoints : il cherche à s’atteler à la solution de problèmes clefs dans le domaine de la recherche et du développement, à mettre en place toute une série d’applications et à « cultiver » l’industrie de l’intelligence artificielle. Les leaders chinois ne font pas mystère de leur volonté de dépasser les Etats-Unis.
 
S’agissant d’un pays socialiste, les ambitions chinoises se traduiront d’abord par la création d’un nouveau Bureau de promotion du plan AI qui dépendra du ministère de la Science et de la technologie.
 

La Chine veut prendre la tête du développement de l’AI

 
Première étape : d’ici à 2020, la Chine veut s’assurer de tenir le rythme global de développement de l’intelligence artificielle en même temps que son industrie de l’AI atteindra un point de croissance économique notable. Au menu, les Big data, l’intelligence par essaims, l’intelligence hybride améliorée et les systèmes intelligents autonomes, l’ensemble devant représenter sur le plan industriel une valeur de plus de 22 milliards de dollars. La totalité des industries liées de près ou de loin à l’AI représenterait à ce moment-là quelque 148 milliards de dollars.
 
D’ici là, la Chine entend également partir à la chasse aux talents dans le domaine de l’intelligence artificielle, et se doter d’un cadre légal, réglementaire, éthique et politique. Quel peut être le cadre éthique inventé par un système communiste ? Poser la question…
 
L’affaire procède ensuite à la manière des plans quinquennaux avec des objectifs pour 2025 et 2030. Dès 2025, la Chine espère avoir réussi des avancées importantes permettant à l’AI de représenter l’un des plus grands moteurs des avancées industrielles du pays et de sa transformation économique. Les domaines d’application devront aller de l’industrie à la médecine en incluant aussi la Défense nationale avec une valeur de l’industrie de l’intelligence artificielle proprement dite estimée à 59 milliards de dollars (et 740 milliards pour les domaines liés).
 

Un programme typiquement communiste

 
Cinq ans plus tard, la Chine sera devenue le principal centre d’innovation de l’intelligence artificielle au monde, si tant est qu’elle puisse réussir à mettre en œuvre ses projets. Cela ira de pair avec le recours toujours croissant à l’AI dans le domaine de la « gouvernance sociale » et de la « défense nationale », avec une explosion de la valeur des industries directement ou indirectement liées à l’intelligence artificielle.
 
Pékin a expliqué que le recours au développement de l’AI répond à plusieurs défis : le gouvernement communiste cite la nécessité de répondre aux nouvelles exigences économiques, de gouvernance et sociétales, ce qui annonce décidément l’invasion de la vie de tous les jours par une soi-disant « intelligence » mécanisée, tout en assurant une sortie par le haut de l’actuelle stagnation de la croissance économique. Les autorités font en effet confiance à l’intelligence artificielle pour laisser éclore une nouvelle révolution scientifique et une transformation industrielle, avec à la clef une croissance pouvant atteindre 26 % d’ici à 2030. Comment refuser une telle aubaine, pour hypothétique qu’elle soit ?
 
D’ores et déjà, les autorités estiment que les applications de l’AI seront multiples aussi bien dans le domaine du gouvernement que dans ceux de l’éducation, de la santé et même de la justice.
 

La Chine prévoit d’applique l’intelligence artificielle à la défense, la sécurité et la justice

 
Le parti communiste chinois (autant dire le pouvoir qui s’auto-félicite) a salué l’initiative en appelant de ses vœux ce développement de l’AI qui permettra d’améliorer « l’intelligentisation » de la « gestion sociale » et la protection de la stabilité sociale grâce aux techniques d’identification biométrique ou par reconnaissance faciale avancée.
 
Il est clair que les annonces de développement, tout au long du plan, du cadre éthique et légal devant assurer la « sécurité » de l’intelligence artificielle s’inscrivent résolument dans le contexte de la dictature du Parti : la chose lui semble tellement naturelle que l’annonce d’une surveillance automatisée toujours plus efficace et universelle se fait déjà publiquement et sans état d’âme.
 
C’est dans un même esprit que la Chine présente l’intelligence artificielle comme indispensable à son rôle futur de « puissance nationale intégrale » et à son développement militaire.
 

L’AI, avant tout un outil pour le pouvoir chinois

 
Actuellement en retard par rapport à d’autres pays en ce qui concerne les algorithmes et les composantes critiques telles les puces les plus innovantes, la Chine a décidé d’œuvrer particulièrement à la recherche et au développement de l’intelligence artificielle calquée sur le fonctionnement cérébral de manière à faire survenir des « changements de paradigme ».
 
Elsa Kania, éditorialiste de The Diplomat, est d’avis que la Chine possède des avantages certains pour réaliser son projet, notamment à travers ses bases de données massives.
 
Mais la Chine entend également profiter de ce qui se fait à l’étranger, à la fois par le biais des fusions-acquisitions, des programmes d’échanges avec des universités étrangères, et par l’encouragement à l’investissement étranger en Chine, notamment par l’installation d’unités de recherche et développement d’entreprises internationales. Le monde entier travaillant ensemble à l’amélioration des outils de la soumission…
 

Anne Dolhein