1.000 milliards de dollars perdus sur le marché américain en quatre jours alors que les compagnies de l’intelligence artificielle chutent en Bourse, les traders cherchant à se débarrasser d’actions dont la valeur semble désormais moins prometteuse et la cote surévaluée. On sait à quel point les marchés boursiers sont sensibles aux mouvements émotionnels et aux surréactions, mais en l’occurrence c’est un fait qui alimente les fluctuations : malgré les milliards investis (autant sur les six premiers mois de 2025, 44 milliards de dollars, qu’en 2024), l’IA peine à tenir ses promesses de gain de productivité sur le terrain.
Ainsi l’indice S&P 500 a-t-il baissé pendant quatre jours consécutifs, il est vrai après une remontée qui avait pour cause l’optimisme antérieur au sujet des constructeurs d’IA ; il a perdu jusqu’à 1,1 % avant de remonter. Le Nasdaq quant à lui, plus porté sur la tech, a perdu jusqu’à 1,8 % mercredi matin, portant les pertes totales depuis le début de la semaine à 7 % avant de remonter lui aussi. La société Nvidia, le constructeur de puces indispensables à l’IA, géant des géants aujourd’hui évalué à 4.000 milliards de dollars, a connu une chute de 3,3 % mercredi avant de remonter la pente.
La bulle de l’IA pourrait bien entraîner une lourde chute
Ces mouvements en dents de scie depuis le début du mois témoignent du manque de clarté au sujet des services réellement rendus actuellement par l’intelligence artificielle. Un article publié mardi par le MIT n’a rien fait pour arranger les choses : les chercheurs estiment que 95 % des projets d’IA générative dans les sociétés commerciales n’ont à ce jour rien rapporté à ceux qui ont investi dans cette nouvelle technologie : c’est « zéro retour ».
On parle de la bulle de l’IA, de prédictions excessives quant à la transformation de l’économie susceptible d’être apportée par le recours à l’intelligence artificielle plutôt qu’aux hommes ; selon le MIT, seuls 5 % des sociétés qui se sont lancées dans de tels scénarios en ont retiré des « millions ».
Mais l’argent continue d’affluer. Selon Goldman and Sachs, 2025 verra l’investissement de près 200 milliards de dollars dans les start-ups travaillant dans le domaine de l’IA avec en arrière-plan, l’espoir d’économiser bien davantage grâce à une productivité démultipliée.
L’une des promesses de l’intelligence artificielle générative est de faciliter le travail des « cols blancs » (quand elle ne les remplacera pas) en leur fournissant des assistants autonomes – mais les meilleurs d’entre eux se révèlent aujourd’hui bien moins efficaces qu’annoncé, n’accomplissant au mieux que 30 % des tâches réelles qui leur sont assignées. La plupart sont même loin d’arriver à ce niveau.
Les actions IA souffrent du manque de retour sur investissements
Il n’y pas si longtemps, rappelle Futurism.com, l’IA devait ajouter plus de 6.000 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici à 2030 : un objectif aujourd’hui irréalisable sauf croissance exponentielle des gains de productivité liés à l’intelligence artificielle. Pour Moneyweek, il faudra que les revenus engendrés par celle-ci soient « spectaculaires » pour que les promesses soient tenues, et pour ne pas parler d’échec par rapport aux investissements des sept plus grosses sociétés du secteur : Nvidia, Meta, Amazon, Microsoft, Alphabet, Tesla et Apple. Ces sept sociétés représentent le tiers des valeurs boursières américaines pour un montant équivalent à celui du PIB de la Chine. Si c’est bien une bulle et qu’elle crève, on imagine les dégâts.
Et le contexte n’est pas bon : contrairement à ce qu’on imaginait, l’arrivée massive d’Internet n’a pas entraîné de croissance. Celle-ci a même ralenti, tout comme la productivité, au 21e siècle. Moneyweek y voit le résultat de l’excès d’information apportée par le web : il faut en faire le tri, ce qui n’est pas gratuit, et il entraîne des risques de mauvaise interprétation.
Avec l’intelligence artificielle, ce problème-là est démultiplié, tant pour le nombre que pour l’exactitude des informations qui circulent.
Comme le clonage de l’être humain, qui s’avère beaucoup plus difficile à atteindre que le clonage d’animaux qui se fait déjà aisément, le fait de singer l’intelligence pour en faire une simple mécanique informatique se heurterait-il à des frontières inattendues ?
Protégez-nous contre l’IA !
Il est vrai qu’on ne nous donne peut-être qu’une partie du tableau ? Il y a fort à parier que dans des domaines spécifiques, le domaine militaire notamment, l’application de l’IA se fasse de manière beaucoup plus rentable et efficace, à l’inverse des grands modèles de langage (LLM) dont l’utilisateur lambda perçoit très vite les failles. Mais dans tous les cas, ceux qui vantent les réussites révolutionnaires de l’intelligence artificielle dans l’entreprise, et pour demain, semblent bien aller plus vite que la musique.
Peut-être finalement le bon Dieu a-t-Il pitié de sa créature en ne permettant pas qu’on installe si facilement un outil capable de le remplacer au travail et pourquoi pas de le détruire, comme le redoutent de grandes figures de l’IA…
Ou peut-être sont-ce l’orgueil et le mensonge propres à l’IA qui promet aux hommes de devenir comme des dieux qui entraînent forcément une chute. Le tout est de ne pas sombrer avec elle.